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  • 29.09.2022

#LesEnseignantsTransforment les espaces d’apprentissage : Comment les enseignants ont produit un programme télévisé pour aider les apprenants pendant le confinement

« La pandémie nous a montré que nous devions être adaptables et prendre la vie telle qu’elle se présente. S’il veut rester pertinent, le système éducatif doit évoluer. » 

Lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé, différents pays ont alors imposé des mesures de confinement, et les enseignants ont dû improviser rapidement des solutions d’apprentissage à distance les plus inclusives et accessibles possible. 

C’était par exemple le cas des enseignants de l’école primaire Clarke Junior School en Ouganda, qui ont d’abord tenté de poursuivre les cours sur WhatsApp et imprimaient des dossiers que les parents pouvaient récupérer à l’école. 

Lorsqu’ils ont réalisé que le confinement allait continuer plusieurs mois, les enseignants passionnés ont cherché un moyen ludique et interactif d’aider leurs élèves en toute sécurité. Ils ont alors décidé de diffuser leurs cours à la télévision locale.  

« C’est notre Directrice, Katherine Tucker, qui a eu cette idée », déclare Nyangoma Mugadu, responsable du programme d’apprentissage à la Clarke Junior School. Elle est également spécialiste en éducation pour le programme N*Gen (Prononcé [N gine] comme « moteur » en anglais) de TV Africa depuis son apparition dans l’émission. 

« La pandémie nous a obligés à innover et à nous adapter à l’évolution des circonstances. Aucun de nous n’étions des acteurs, nous ne connaissions pas les techniques de diffusion et nous ne savions pas nous présenter devant une caméra, mais nous voulions progresser, rester pertinents et garantir la continuité pédagogique. »

Travailler ensemble à la transformation des espaces d’apprentissage

Pendant la pandémie, il n’y avait pas de service de transports publics. Les enseignants devaient donc parcourir de longues distances à pieds tous les jours pour se rendre à l’école afin de filmer les leçons. 

« Nous avons réfléchi ensemble, avec la contribution de la Directrice, afin d’élaborer le contenu des leçons. Le tout était filmé par une toute petite équipe et diffusé sur la chaîne locale de télévision. »

Le contenu créé par l’école a attiré l’attention de Peripheral Vision International, une ONG dont le but est de contribuer au changement social à travers les médias, les technologies et la culture populaire. L’organisation a contacté les enseignants et leur a proposé de collaborer dans le cadre d’une émission scientifique panafricaine visant à susciter l’intérêt des enfants pour les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM). 

« Au départ, il s’agissait d’un contenu limité à la lecture, aux mathématiques et aux thèmes sociaux. Lorsque nous avons commencé à travailler avec Peripheral Vision International, la science est devenue le thème principal, jugée plus importante, pertinente et attrayante », se souvient Irene. 

N*Gen est passé d’un petit programme à la télévision locale ougandaise lancé en septembre 2020 à une émission populaire diffusée sur 45 chaînes africaines. Elle est également disponible sur la chaîne africaine aux États-Unis et dans les Caraïbes. La troisième saison est en cours de réalisation.  

Pendant la pandémie, les enseignants de la Clarke Junior School ont présenté tous les épisodes et ont participé à leur élaboration. « Nous avons présenté des expériences pouvant être reproduites par les enfants à la maison », explique Irene, qui apporte encore ses conseils à l’émission en tant que spécialiste de l’éducation. 

« Nous avons également fait participer nos propres enfants pour réaliser les expériences. Des enfants qui enseignent aux enfants, c’est devenu l’une des caractéristiques de N*Gen, appréciée par nos téléspectateurs. » 

Transformer l’apprentissage en encourageant la participation et les expériences 

Les écoles ont utilisé les épisodes de N*Gen en complément de leurs programmes d’apprentissage à distance. 

« Notre but était de rendre l’apprentissage ludique et de stimuler la curiosité et les découvertes. Les épisodes ciblaient les apprenants du primaire de tous âges. Chaque épisode s’appuyait donc sur un thème donné, destiné à toute la famille afin de permettre aux enfants d’apprendre ensemble. Nous avons ensuite élaboré des modules pédagogiques en fonction des niveaux, qui comprenaient des questions à poser à chaque enfant pour qu’il puisse approfondir ses connaissances sous forme de conversation. Dans la mesure du possible, nous y ajoutions des expériences et des questions de recherche, ainsi que des exercices de rédaction, indique Irene. Par exemple, nous avons saisi l’occasion de l’épisode portant sur les montagnes et les volcans pour montrer la réaction entre le vinaigre et le bicarbonate de soude afin de représenter une éruption volcanique. Tous les enfants de la famille pouvaient créer ensemble leur propre expérience scientifique à la maison, puis réaliser les exercices individuels adaptés à leur niveau. »

Une version adaptée de l’apprentissage de groupe a ainsi pu avoir lieu malgré la pandémie. 

Une étude a montré que pour un même contenu, les élèves qui apprennent en petit groupe en retiennent davantage que lorsqu’il est présenté sous d’autres formes. 

Retour en classe et nouvelles perspectives 

Depuis la réouverture des écoles, les enseignants de la Clarke Junior School sont de retour en classe et une nouvelle équipe se charge de présenter N*Gen. 

« Le programme N*Gen était axé sur la création d’une expérience d’apprentissage attrayante et interactive, que je reproduis aujourd’hui en classe. J’applique le programme local de manière pratique afin de stimuler les élèves.

Dans notre école, nous faisons de notre mieux pour éviter l’apprentissage par cœur. Nous sommes convaincus que toutes les matières peuvent être enseignées de manière ludique et interactive. Nous avons également recours aux jeux pour renforcer l’intérêt pour les STIM, qui peuvent parfois sembler difficiles. »

Le soutien aux apprenants et aux enseignants doit évoluer

« Dans notre école, nous nous posons la question “À quel monde préparons-nous nos enfants ? De quelles compétences auront-ils besoin à l’avenir dans leur carrière ?” Nous devons transmettre à nos élèves des compétences plus générales telles que la créativité, la gentillesse, l’appréciation de la nature, le leadership et la communication interpersonnelle », explique Irene.

Afin d’atteindre les objectifs de développement durable, notamment l’objectif 4, les apprenants doivent acquérir des compétences en lecture et en calcul, ainsi que les connaissances, compétences, valeurs, mentalités et comportements nécessaires pour construire des sociétés justes, pacifiques et durables. 

Selon l’UNESCO, il est essentiel pour cela de garantir que les systèmes éducatifs encouragent la compréhension mutuelle, le respect, le souci des autres et la protection de la planète que nous partageons. Cela permettra de renforcer la capacité des apprenants à agir de manière responsable et créative dans un monde en constante (et rapide) évolution.

« Les technologies favorisant l’intégration ont un grand potentiel pour améliorer les questions d’accès, notamment en Afrique subsaharienne, mais nous devons former les enseignants afin qu’ils disposent des compétences nécessaires aux approches d’enseignement multimédia dans les classes, pour que l’éducation puisse évoluer et être en phase avec son époque. »

Apprenez-en plus sur la campagne #LesEnseignantsTransforment lors du Sommet sur la transformation de l’éducation.

Photo credit:  Irene Nyangoma Mugadu

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  • 22.09.2022

#LesEnseignantsTransforment la vie des apprenants : Créer une culture de diversité et d’inclusion dans laquelle tout(e) apprenant(e) trouve sa place

« On peut te dire où t’asseoir. On peut te dire où nager. On peut te dire où manger, mon enfant. Mais personne ne pourra jamais te prendre ce que tu sais. Ne cesse jamais d’apprendre. »

Voici le conseil donné à St. Claire Adriaan par sa mère qui l’a élevé au sein d’une communauté marginalisée sous le régime de l’apartheid en Afrique du Sud.

St.Claire, l’un des premiers diplômés noirs de l’université de Port Elizabeth (aujourd’hui université Nelson Mandela) en Afrique du Sud, a fondé sa carrière de 35 ans dans l’enseignement sur les principes de restauration, d’inclusion et de diversité. Il est actuellement titulaire de huit diplômes et dirige le collège-lycée Encore Junior/Senior School for the Performing and Visual Arts à Hesperia, en Californie.

Son enfance dans le contexte de l’apartheid en Afrique du Sud a influencé son approche de l’enseignement.

« La couleur de ma peau m’a empêché de m’inscrire dans certains établissements scolaires et universitaires. Je sais ce que c’est d’être exclu et marginalisé et je ne souhaite en aucun cas que mes élèves ne se sentent pas à leur place, qu’ils se sentent inférieurs ou qu’ils pensent que les communautés marginalisées ne peuvent pas réussir. »

L’approche de l’éducation de St. Claire repose sur la création de relations positives et le renforcement des capacités de tous les apprenants, indépendamment de leur milieu. Grâce à son master obtenu à l’International Institute for Restorative Practices (IIRP), il met aujourd’hui ces méthodes en pratique afin de contribuer à transformer l’éducation.

Selon l’IIRP, les pratiques restauratives visent à « gérer les conflits et les tensions à travers la réparation des préjudices et le renforcement des relations ».

Une école transformée grâce aux pratiques restauratives

En 2008, St. Claire a été nommé Directeur de la Success Preparatory Academy à La Nouvelle-Orléans. Cette école se trouvait dans un quartier pauvre et avait les résultats les plus faibles de l’État.

Grâce à l’approche restaurative de St. Claire, elle est devenue l’une des dix meilleures écoles de Louisiane en à peine trois ans. Selon lui, le premier élément permettant de transformer une école est le fait d’employer des enseignants passionnés.

« Je recrute des enseignants aux religions, ethnicités et orientations sexuelles variées pour former un groupe d’apprenants tout aussi varié. La diversité des origines et des milieux des enseignants favorise les relations, l’empathie et leur permet d’être de meilleurs mentors pour nos apprenants. »

Cette approche équitable et inclusive est appuyée par le Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2020, qui aborde le rôle des enseignants en tant que modèles et la manière dont ils peuvent influencer positivement les résultats des élèves, notamment de ceux venant de milieux minoritaires.

La possibilité de s’exprimer de manière créative

« Après l’Ouragan Katrina en 2005, les apprenants étaient traumatisés, se rappelle St. Claire. Et après le choc est arrivée la colère. J’ai alors demandé à un muraliste de peindre une fresque avec le mot UBUNTU sur l’un des murs de l’école. Ubuntu est un concept philosophique d’Afrique du Sud qui consiste à s’entraider pour surmonter les difficultés. Lorsqu’un apprenant faisait des siennes, je lui donnais un pinceau et le laissais peindre jusqu’à ce que sa colère soit retombée. »

St. Claire a également investi dans un programme de musique scolaire afin de permettre aux apprenants d’exprimer leurs sentiments. « Il n’y a rien de tel qu’un programme musical de qualité pour aider les apprenants à changer leur état d’esprit et leur attitude. »

Il a été prouvé que la musique aide les élèves à obtenir de meilleurs résultats en mathématiques et en langues. Elle les aide à renforcer leur persévérance et à mettre au point de meilleures méthodes de travail.

Renforcer la confiance grâce à l’affirmation de soi

« Nous faisions des exercices d’affirmation de soi tous les matins, pendant lesquels les apprenants récitaient leurs propres caractéristiques positives afin de se rappeler qui ils étaient, leurs capacités et comment ils devaient incarner leurs valeurs. »

[Vidéo YouTube de l’exercice d’affirmation de soi à l’école]

« Nous célébrions chaque progrès. Qu’un apprenant soit passé d’une note de 95 à 97 ou de 35 à 37, nous le fêtions tous ensemble. Ce n’est pas la note qui importe, mais la capacité à progresser. »

Remédier aux « inégalités des chances »

Lorsqu’il a déménagé de La Nouvelle-Orléans pour s’installer à New York, St. Claire y a introduit ces techniques. Dans son nouvel établissement, il s’est également attelé à remédier aux « inégalités des chances ». Ce terme est défini dans le glossaire d’Education Reform comme « la répartition inégale ou inéquitable des ressources et des possibilités ».

La satisfaction des besoins élémentaires des apprenants leur permet de s’épanouir en milieu scolaire.

« Certains apprenants à New York portaient les mêmes vêtements tous les jours. Nous avons donc installé une laverie à l’école. Nous disposions également d’une banque de vêtements et d’une banque alimentaire pour toute personne dans le besoin.

« Plus tard dans leur vie, nos apprenants doivent sentir qu’ils sont à leur place dans tous types de situations. Ils ne devraient jamais se sentir exclus à cause de leurs origines ou de leur milieu. Nous compensons ces inégalités en les emmenant au restaurant, à l’hôtel et en voyage scolaire, des expériences qu’ils ne vivraient peut-être pas en dehors de l’école. »

En recrutant des enseignants passionnés, en investissant dans des programmes culturels et en faisant de l’environnement d’apprentissage un espace inclusif et stimulant axé sur la restauration de la dignité et l’affirmation de soi, St. Claire Adriaan est un exemple de la manière dont les enseignants peuvent mettre au point des leviers puissants qui transforment la vie des apprenants, même dans des circonstances difficiles.

Apprenez-en plus sur la campagne #LesEnseignantsTransforment lors du Sommet sur la transformation de l’éducation.

Photo credit:  St. Claire Adriaan

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  • 14.09.2022

#LesEnseignantsTransforment l’enseignement : Comment des enseignants à l’aise avec les technologies améliorent l’expérience d’apprentissage d’un plus grand nombre d’élèves grâce aux outils numériques

« Enseigner c’est évoluer, changer, transformer sans cesse. Je crois qu’il n’existe aucun autre travail dans le cadre duquel on vous demande constamment de vous améliorer et d’apprendre de nouvelles choses. Nous avons également le privilège de partager ces connaissances avec les jeunes. » 

Au cours de ses 12 ans de carrière, Steven Kolber a adopté les technologies comme un outil indispensable à ses techniques d’enseignement, permettant de transformer sa classe en un environnement d’apprentissage interactif et inclusif, ce qui lui a valu d’être nommé parmi les 50 premiers finalistes du Global Teacher Prize en 2021.  

Professeur d’anglais, d’anglais langue étrangère et d’histoire au collège Brunswick à Melbourne (Australie), Steven partage également avec passion ses connaissances afin de renforcer les capacités d’autres enseignants dans le monde. 

« Lorsqu’elles sont utilisées à bon escient, les technologies permettent de transformer l’éducation en faisant gagner du temps aux enseignants, qui peuvent alors adopter une approche plus humaine et collaborative, être plus présents, empathiques, et créer un meilleur environnement d’apprentissage pour toutes et tous. » 

Cette vision est étayée par le rapport de l’UNICEF La situation des enfants dans le monde, qui indique : « Si elle est universellement accessible et exploitée correctement, la technologie numérique peut changer la donne pour les enfants laissés pour compte – que ce soit pour des raisons de pauvreté, de race, d’appartenance ethnique, de sexe, de handicap, de déplacement ou d’isolement géographique – en les connectant à un large éventail de possibilités et en leur fournissant les compétences nécessaires pour s’épanouir dans un monde numérique. »  

Aider les enseignants à renforcer leurs compétences technologiques  

Quand la pandémie de COVID-19 s’est déclarée, Steven était plus que prêt à se lancer dans l’enseignement à distance. Sa chaîne YouTube comptait plus de 700 leçons et il connaissait plusieurs outils permettant d’enrichir ses cours en ligne.  

Afin d’aider d’autres enseignants à s’adapter à l’enseignement en ligne pendant la pandémie, il a créé un vaste répertoire de vidéos de formation gratuites sur YouTube. Steven a également organisé des réunions en ligne appelées « Teach Meets » pendant lesquelles les enseignants partageaient leurs innovations et leurs moyens d’adaptation pour l’apprentissage en ligne.  

Conscientes que les enseignants ont besoin d’un meilleur accès à des solutions de perfectionnement professionnel à grande échelle, la Banque mondiale et HundrED (une organisation mondiale à but non lucratif consacrée à l’éducation) se sont associées pour lancer le projet Des enseignants pour un monde en évolution. La plateforme repère et partage des solutions phares du monde entier qui aident les enseignants à évoluer au sein de classes en perpétuel changement. 

Aider les enseignants à collaborer et à partager des idées innovantes avec leurs pairs 

Steven contribue à l’apprentissage entre pairs en coorganisant le podcast bimensuel Teachers’ Education Review (en anglais). Il y aborde différentes méthodes d’enseignement ainsi que des solutions transformatrices avec des spécialistes de l’éducation provenant de divers horizons. 

Afin de permettre aux enseignants d’accéder à des études de qualité sur le sujet et de partager leurs connaissances concernant les innovations pour l’enseignement, Steven a également créé un groupe de lecture en ligne interactif pour les enseignants, nommé #Edureading.  

« Tous les mois, nous discutons d’un article académique différent sur l’éducation. Il ne s’agit pas de déterminer qui a tort et qui a raison, mais plutôt d’interagir et de collaborer entre collègues de l’éducation », explique Steven. 

Aider les enseignants à adopter les technologies afin de créer un environnement plus inclusif pour les apprenants 

« Lorsque les enseignants sont plus à l’aise quant à leurs compétences technologiques, ils se sentent plus à même d’essayer les outils numériques et de les utiliser dans leur classe, affirme Steven.  

« Les technologies rendent l’apprentissage plus accessible à nos élèves et nous permettent d’être plus rapides et efficaces dans notre travail. Cela nous laisse plus de temps pour “les bons côtés”, à savoir les interactions en personne avec les apprenants et le fait de les pousser à échanger entre eux de manière productive. » 

Un article commandé pour le Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2020, intitulé « Inclusion and education », confirme cette idée. Selon ce document, les technologies de l’information et des communications (TIC) peuvent permettre de rendre le secteur plus inclusif en présentant les informations, en exprimant les connaissances et en impliquant les apprenants de différentes façons, notamment pour les évaluations. 

Cet article souligne également le rôle que jouent les technologies dans l’accessibilité de l’apprentissage pour les élèves ayant des difficultés d’apprentissage. D’après lui, les outils TIC peuvent favoriser des environnements créatifs et collaboratifs permettant d’intégrer les élèves handicapés aux activités d’apprentissage, en leur donnant un rôle ou une responsabilité dans la classe ou au sein d’un groupe. 

Steven utilise différentes technologies d’assistance pour faciliter l’apprentissage pour les élèves et les enseignants, en ligne comme en présentiel.    

« J’utilise beaucoup les technologies d’assistance en classe, notamment des logiciels de transcription et de synthèse vocale pour permettre aux apprenants dyslexiques ou handicapés de s’exprimer et de participer au processus d’apprentissage.  

« Les vidéos pédagogiques sont un bon moyen pour les enseignants de compléter leurs leçons. Par exemple, lorsque l’on aborde Macbeth, je fais cours en présentiel, mais mes élèves ont également accès à de nombreuses vidéos qui résument chaque acte et chaque scène sur ma chaîne YouTube

« Les apprenants ayant une déficience auditive peuvent utiliser les sous-titres et la transcription. Les personnes ayant un déficit d’attention peuvent revoir la vidéo autant de fois qu’elles le souhaitent. » 

Steven fournit même des retours à ses apprenants sous forme de vidéos. Il se filme faisant des remarques sur une rédaction rendue par un élève. « Cela me fait gagner beaucoup de temps. » 

Transformer l’éducation pour s’adapter à un monde en constante évolution  

« Les enseignants remarquent les petits détails. Ils savent lorsqu’un apprenant a des soucis en dehors de la classe. En tant qu’enseignants, nous nous préoccupons sincèrement du bien-être de nos apprenants et la COVID-19 nous a fait prendre conscience de l’importance de l’interaction sociale qui a lieu en classe, déclare Steven.  

« Si les technologies permettent de transformer les méthodes d’enseignement, elles ne peuvent remplacer ces interactions. Rien ne peut remplacer un bon enseignant qui sait établir une relation solide avec sa classe et faire cours aux élèves de manière à leur donner envie d’apprendre. Les technologies ne sont pas capables de cela sans nous. » 

Les principales ressources (la plupart en anglais) que Steven recommande aux enseignants et aux apprenants sont les suivantes : 

Des vidéos pour aider les enseignants à renforcer leurs connaissances[FT1]  

Les meilleures sources de livres audio gratuits pour les apprenants : 

Pour des discussions sur l’éducation et pour échanger avec d’autres enseignants du monde entier : 

Technologies d’assistance : 

Steven recommande l’utilisation de logiciels tels que ClaroRead, Dragon Speak, Pen Readers, la fonction lecture à voix haute pour les documents et l’activation des sous-titres sur Zoom et PowerPoint. 


Apprenez-en plus sur la campagne #LesEnseignantsTransforment lors du Sommet sur la transformation de l’éducation.


Photo credit: Steven Kolber

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  • 08.09.2022

#LesEnseignantsTransforment les salles de classe : Utiliser les TIC pour créer un environnement sûr permettant aux apprenants de réussir non seulement en classe mais aussi en dehors

« Les technologies sont aussi destructrices et constructives que les personnes qui les utilisent. À condition que les enseignants, les éducateurs et les parents utilisent les technologies à des fins précises et qu’ils adoptent des comportements constructifs, je pense qu’elles peuvent avoir un impact positif sur l’éducation. »

Nana Gulic a travaillé pendant dix ans avec les pouvoirs publics, des écoles et des enseignants à la création d’un environnement qui réponde aux besoins socioémotionnels et éducatifs des enfants. Au sein de SEed (Social and Emotional Education), une start-up spécialisée dans les technologies de l’information et des communications (TIC) qui renforce les capacités des organisations à but non lucratif telles que les écoles, Nana met en œuvre des programmes de développement personnel et du leadership qui aident les apprenants à améliorer leur confiance en eux-mêmes, à être motivés, à être en meilleure santé physique et mentale et à établir des relations positives avec leurs parents et leurs pairs.

Selon un rapport de l’UNESCO et de l’Académie internationale d’éducation, l’apprentissage socioémotionnel est parfois désigné comme « la pièce manquante », car cet aspect de l’éducation fait appel aux connaissances académiques ainsi qu’à un ensemble de compétences spécifiques permettant de réussir à l’école, dans les relations familiales, au sein des communautés, sur le lieu de travail et dans la vie de manière générale.

« Grâce à ma licence en encadrement des enfants et des jeunes et à mon master en justice sociale et équité, je suis capable de mettre au point des manières innovantes de renforcer les capacités de mes élèves en classe et de les aider à devenir acteurs de leur propre vie et dans leur domicile », explique Nana.

L’utilisation des technologies pour le soutien aux parents et aux apprenants pendant la pandémie

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence le rôle indispensable du soutien psychosocial dans le milieu d’apprentissage. Un rapport a indiqué que les écoles ne pourraient se contenter de rouvrir leurs portes après la pandémie de COVID-19. Les élèves auront besoin d’un soutien personnalisé à long terme afin de se réadapter et de rattraper le retard pris pendant la pandémie. Les enseignants sont encouragés à adopter des approches d’orthopédagogie et d’apprentissage socioémotionnel dans le cadre de leurs méthodes pédagogiques.

C’est ce qu’applique Nana dans l’école où elle travaille. Après avoir lancé des ateliers d’apprentissage social et émotionnel en ligne pour les élèves et leurs parents pendant la pandémie, elle a décidé de les poursuivre après la réouverture des écoles.

« L’un des principaux avantages du soutien en ligne est la possibilité de créer des groupes de discussion, tout en pouvant désactiver le micro pour avoir des conversations privées au sein de la famille, ce qui n’est pas possible dans les réunions en personne. Ces moments privés ont donné lieu à des choses formidables, à des échanges importants entre les parents et leurs enfants. »

Les technologies peuvent créer un espace dans lequel les apprenants ayant des difficultés peuvent s’exprimer

Les enseignants et les personnes qui travaillent avec des enfants et des jeunes peuvent utiliser des outils numériques à l’appui du développement des apprenants en classe, mais aussi en dehors. « Les technologies ne remplacent pas un bon enseignant ou conseiller. Il s’agit d’un outil supplémentaire pouvant être utilisé pour communiquer avec nos apprenants. »

L’un des rôles de Nana est d’aider les élèves en difficulté à renforcer les compétences dont ils ont besoin pour évoquer et gérer différentes difficultés dans leur vie, telles que la pandémie de COVID-19.

Selon un rapport (en anglais) sur l’impact de la pandémie de COVID-19 sur l’éducation, de nombreux élèves se sont sentis seuls, les relations avec leurs camarades de classe ont manqué à la plupart, bon nombre s’inquiétaient de la manière dont leur apprentissage a été perturbé et des conséquences sur leur éducation à l’avenir.

Afin d’aider les apprenants à revenir sur leur expérience des confinements liés à la COVID-19, Nana les a invités à créer leur monde idéal post-COVID-19 sur Minecraft. Quatre apprenants canadiens et quatre apprenants croates âgés de 10 ans ont été chargés de travailler ensemble à la création d’un espace numérique qui réponde à tous leurs souhaits et besoins.

« Ils n’ont peut-être pas exprimé oralement combien leur ont manqué les relations sociales, mais leur monde Minecraft en témoignait clairement, souligne Nana. Il y avait un van volant pour voyager en famille ou avec des amis, un portail de téléportation permettant de se rendre n’importe où dans le monde, un parc d’attractions et une grande cafétéria scolaire pour passer du temps entre amis. »

Les sondages, YouTube et les messageries instantanées pour l’apprentissage des « codes sociaux et émotionnels »

D’après un rapport (en anglais) sur l’apprentissage social et émotionnel dans les systèmes éducatifs, l’objectif principal de cette compétence qui consiste à savoir exprimer ses émotions et comprendre celles d’autrui consiste à améliorer les relations et à favoriser la collaboration entre les individus au sein des communautés et dans l’ensemble de la société.

En classe, les élèves ont souvent peur de dévoiler leurs sentiments par crainte du ridicule. C’est pourquoi Nana a recours à une application qui leur permet de participer à un sondage anonyme. Lorsqu’un sondage montre que « tout le monde » est stressé le jour de la rentrée ou que 90 % des répondants sont angoissés quant aux examens, les apprenants se sentent moins vulnérables.

Nana a également créé un personnage imaginaire sur YouTube, Dolly Ghostsmith, qui fait appel aux élèves pour retrouver quatre fantômes en fuite appelés en anglais « Denialy », « Doubty », « Worry Anne » et « Fearan » (« Denis déni », « Martin l’incertain », « Anne-Soucie » et « Mathieu le peureux »). Ces fantômes aident les élèves de primaire de l’école de Nana à affûter leur sens des codes sociaux et émotionnels en identifiant les caractéristiques qui leur sont propres.

Une étude a montré que l’introduction des compétences sociales et émotionnelles dans les écoles permet aux élèves de reconnaître et de gérer leurs émotions, de développer des formes d’aide et d’empathie, d’établir des relations positives, de prendre des décisions de manière responsable et de gérer des situations complexes.

Pour encourager ses apprenants à faire part de leurs difficultés, Nana a même utilisé les SMS.

« Au fil des années, je me rends compte que certains élèves préfèrent l’écrit à la parole. J’avais beaucoup de mal à communiquer avec eux jusqu’au jour où je leur ai proposé de m’envoyer des SMS plutôt que d’avoir une conversation. Certains apprenants ont même recours à une autre langue pour exprimer leurs émotions. »

Permettre aux élèves en difficulté d’être plus indépendants grâce aux applications

Nana utilise également plusieurs outils pour aider les élèves en difficulté à s’intégrer dans la classe. Pour les personnes dyslexiques, elle utilise les applications de synthèse vocale et de transcription qui les rendent plus indépendantes malgré leurs difficultés à lire et écrire.

Pour les personnes ayant un déficit d’attention, Nana utilise des applications d’entraînement cognitif numérique ainsi que des séances de thérapie en personne. L’un de ses outils favoris est Lumosity, qui comprend des jeux conçus par des scientifiques pour améliorer la mémoire, la vitesse de compréhension et la capacité à résoudre les problèmes.

« Les technologies sont un environnement si naturel pour les enfants. C’est un espace dans lequel ils peuvent se faire entendre, rencontrer et échanger avec d’autres élèves à travers le monde.

« J’espère que nous pourrons à l’avenir travailler tous ensemble à la construction d’un environnement collaboratif et favorable au renforcement des capacités, guidé par les enseignants, axé sur la durabilité, l’équité et la justice sociale. »

Apprenez-en plus sur la campagne #LesEnseignantsTransforment lors du Sommet sur la transformation de l’éducation.

Crédit photo : Nana Gulic

Nouvelles
  • 17.08.2022

Pour transformer l’éducation, nous avons besoin d’enseignants qualifiés, motivés et soutenus

Par les co-responsables de la Piste d’action thématique sur les enseignants, l’enseignement et la profession enseignante, ainsi que des représentants du Nigéria, de la Roumanie et de l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030. Ce texte est une publication originale du World Education Blog parue le 30 juin 2022.


En prévision du Sommet sur la transformation de l’éducation qui se tiendra en septembre, les Ministres de l’éducation ainsi que des centaines de jeunes, d’enseignants et d’autres parties prenantes se réunissent cette semaine à Paris pour redynamiser les efforts visant à atteindre le quatrième objectif de développement durable (ODD 4) et à transformer l’éducation. Ensemble, ces parties prenantes réfléchissent à la manière de tenir les engagements pris et cherchent de nouvelles solutions pour rattraper les retards d’apprentissages dus à la pandémie et transformer nos systèmes éducatifs en vue d’un avenir durable. Pour aider la communauté éducative à se rétablir et donner un nouveau souffle à la poursuite de l’ODD 4 d’ici à 2030, nous lançons aujourd’hui une campagne qui vise à placer les enseignants, l’enseignement et la profession enseignante au cœur de la transformation de l’éducation.

Les obstacles rencontrés par la profession enseignante sont des obstacles à une éducation de qualité

Le meilleur moyen d’améliorer les résultats d’apprentissage est de confier les classes à des enseignants qualifiés et motivés. Dans de nombreuses régions du monde, les salles de classe sont surpeuplées et les enseignants trop peu nombreux, surmenés, démotivés et livrés à eux-mêmes. Les résultats d’apprentissage en pâtissent. Outre la perturbation des systèmes éducatifs provoquée par la pandémie de COVID-19, le « déficit enseignant » (à la fois quantitatif et qualitatif) nous éloigne considérablement de nos cibles en matière d’éducation, et notamment de l’ODD 4. Les enfants des zones isolées ou pauvres sont touchés de manière disproportionnée.

L’augmentation du nombre d’enseignants est une urgence absolue. Il manque encore des millions d’enseignants dans le monde. Selon des estimations récentes, l’Afrique subsaharienne a besoin à elle seule de 15 millions d’enseignants pour atteindre l’ODD 4 d’ici à 2030. Dans de nombreux pays, les enseignants n’ont ni les qualifications, ni le niveau de formation basique, ce qui ne fait qu’aggraver le déficit.

Et même lorsque les enseignants sont qualifiés, leur maintien en poste est souvent faible, car les mauvaises conditions de travail et le manque de soutien les poussent à se reconvertir. Trop souvent, la profession enseignante demeure peu attrayante, en raison du manque de reconnaissance et des faibles niveaux de rémunération. Dans de nombreux pays, les enseignants ne perçoivent même pas le minimum vital, ce qui affaiblit encore davantage les systèmes éducatifs.

L’utilisation des technologies numériques dans l’éducation apparaît très prometteuse pour ouvrir l’apprentissage à davantage d’enfants et de jeunes. Nous devons toutefois améliorer l’accès des enseignants et des apprenants aux technologies numériques, en particulier en Afrique subsaharienne et dans les pays à faible revenu, où en moyenne moins d’une école sur trois dispose d’ordinateurs consacrés à l’apprentissage et moins d’une école sur cinq dispose d’un accès à Internet. Nous devons également mieux former les enseignants à utiliser les technologies de l’information et de la communication (TIC) non comme une fin en soi, mais comme un moyen d’enseignement.

de la campagne #TeachersTransform

Durant la pandémie de COVID-19, les enseignants ont fait preuve d’ingéniosité pour continuer d’enseigner et d’innover dans des circonstances difficiles. Ils ont mis au point de nouvelles méthodes pour instruire et motiver leurs élèves. Ils les ont même aidés au-delà du cadre scolaire, contribuant ainsi à leur bien-être. Au Rwanda, des enseignants ont innové en utilisant l’apprentissage fondé sur le jeu pour aider à reconstruire le bien-être des élèves après le confinement et la fermeture des écoles. En Ouganda, des enseignants ont utilisé la radio pour combler les lacunes d’apprentissage et fournir un soutien professionnel et de bien-être aux enseignants éloignés souffrant de l’isolement.

Les enseignants savent comment obtenir les meilleurs résultats d’apprentissage pour leurs classes et devraient avoir suffisamment d’autonomie pour s’organiser et s’adapter à l’évolution des besoins de leurs élèves. Une telle flexibilité peut favoriser des transformations à la fois ascendantes (à la base) et descendantes (à l’échelle du système). Pour soutenir ces efforts, les chefs d’établissement devraient avoir davantage d’autonomie et de responsabilités. Il convient par ailleurs d’accorder une attention particulière aux enseignants travaillant auprès des populations déplacées, réfugiées et touchées par les conflits, y compris aux éducateurs appartenant eux-mêmes à ces populations.

Les gouvernements et la société civile doivent travailler ensemble afin de renforcer le respect et la confiance envers les enseignants, ainsi que la compréhension du rôle qu’ils jouent dans l’éducation des générations futures. Des engagements et des investissements solides sont nécessaires pour augmenter les effectifs du personnel enseignant, améliorer la formation et le soutien, inclure les enseignants dans la prise de décisions et valoriser leur profession.

Les systèmes éducatifs doivent se transformer pour mieux soutenir la profession enseignante

Afin de véritablement transformer l’éducation, nous devons constituer un effectif d’enseignants engagés, respectés et dotés de ressources adéquates. Les consultations organisées dans le cadre de la Piste d’action thématique sur les enseignants, l’enseignement et la profession enseignante ont mis en évidence trois façons d’atteindre cet objectif.

Premièrement, il convient d’élaborer des politiques nationales globales pour la profession enseignante. Ces politiques doivent fournir une architecture plus solide concernant la formation des enseignants, les parcours professionnels et la gouvernance, tout en définissant des solutions pour renforcer le leadership, promouvoir l’innovation, concevoir des cadres de qualité et offrir de meilleures conditions de travail.

Deuxièmement, nous avons besoin de la participation des enseignants à chaque étape de la prise de décisions et de l’élaboration des politiques, grâce à un dialogue social solide. Les enseignants ont été en première ligne lorsque les systèmes éducatifs ont dû s’adapter à la COVID-19. Ils sont les mieux placés pour combler les lacunes d’apprentissage et trouver des solutions de long terme aux conséquences de la pandémie.

Enfin, nous devons augmenter les investissements dans les salaires, le perfectionnement professionnel et les conditions de travail. Dans ce cadre, les gouvernements doivent honorer leur engagement de consacrer 20 % de leurs dépenses annuelles à l’éducation. Les pays doivent renforcer leurs budgets d’éducation et les donateurs internationaux augmenter leurs niveaux d’aide à l’éducation, afin que les fonds alloués au secteur représentent 0,7 % du revenu national brut. Les politiques relatives aux enseignants doivent être chiffrées précisément et mises en œuvre efficacement, en particulier dans les pays connaissant les pénuries les plus graves.

Il reste encore beaucoup à faire, mais une chose est claire : les enseignants sont essentiels pour transformer l’éducation et atténuer la crise mondiale qu’elle traverse. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons réinventer le secteur et tenir la promesse d’une éducation de qualité pour tous.

Rejoignez la campagne #TeachersTransform lancée aujourd’hui par l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 dans le cadre de la Piste d’action thématique sur les enseignants, l’enseignement et la profession enseignante. Plus d’informations ici.

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  • 18.08.2022

#TeachersTransform : un bâtiment, deux écoles – comment le partage des ressources a permis de transformer l’enseignement dans ce centre de réfugiés au Kenya

Comment prendre en charge 18 900 apprenants dans neuf écoles secondaires lorsque l’on dispose de ressources limitées ? Voilà le défi auquel a dû faire face l’équipe chargée de l’enseignement dans le camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya. Leur solution ? Créer deux écoles en une.

George Nandy, responsable de l’éducation pour Windle International au Kenya, supervise l’enseignement secondaire dans le camp de réfugiés de Kakuma et dans l’établissement de Kalobeyei. Cette organisation appuie et organise des interventions éducatives dans le camp de Kakuma, qui compte plus de 180 000 réfugiés originaires du Soudan du Sud, du Soudan, de la Somalie, de la République démocratique du Congo, du Burundi, de l’Éthiopie et de l’Ouganda. Elle est soutenue par le Gouvernement du Kenya, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) et d’autres donateurs et partenaires.

George a grandi dans une famille de 18 enfants disposant de très peu de ressources. Il comprend donc bien certaines des difficultés auxquelles doivent faire face les apprenants réfugiés.

« Je suis ici parce qu’un enseignant s’est sacrifié pour que je puisse aller à l’école, en achetant un uniforme et du matériel scolaire pour moi. Je suis là pour aider. » Voilà ce que nous explique George, qui a enseigné pendant plus de six ans dans les écoles de Kakuma avant d’occuper ses fonctions actuelles. « En travaillant dans le camp de réfugiés, je peux aider ces apprenants qui sont tous vulnérables. Ils ont vécu tant d’événements traumatisants et sont confrontés à de très nombreuses difficultés. Mais en transformant leur éducation, nous pouvons les aider à acquérir les compétences dont ils auront besoin pour se forger un brillant avenir. »

Tirer le meilleur parti des ressources disponibles pour transformer l’éducation à Kakuma

On trouve 21 écoles primaires dans le camp de Kakuma, mais seulement sept écoles secondaires. Avant que George et son équipe ne se chargent de transformer l’éducation dans le camp de réfugiés en 2015, des milliers d’apprenants étaient contraints d’abandonner leur scolarité, car il n’y avait tout simplement pas assez d’espace pour les accueillir.

George explique : « Pour faire face au nombre croissant d’étudiants, nous avons discuté avec le directeur exécutif de Windle de l’époque, le Dr Marangu Njogu. Il a proposé une approche innovante de l’éducation, qui consiste à créer deux écoles en une. »

George poursuit : « Notre système mise sur le temps, qui est l’une des ressources principales dont nous disposons. Nous nous sommes rendu compte qu’en divisant la journée en deux, nous pourrions mettre en place deux écoles et accueillir deux fois plus d’apprenants dans un même bâtiment. Chaque école a sa propre équipe d’enseignants, dirigée par un proviseur en chef aidé par deux adjoints. Même les uniformes des apprenants sont différents afin de garantir qu’ils assistent aux cours de l’école dans laquelle ils sont inscrits. »

Le système deux-en-un, comment ça marche ?

Une journée d’école normale commence à 8 h et finit à 16 h 30. Elle est jalonnée de pauses plus ou moins longues ainsi que de séances de sport et de réunions de clubs et de sociétés. George nous explique : « Avec notre système de deux écoles en une, les activités sont condensées, afin que tout puisse être fait en six heures. »

« Les élèves du matin se rendent à l’école dès 6 h 40 et terminent les cours à 12 h 20. Ils ont deux courtes pauses pendant la matinée. Dix minutes plus tard, c’est la deuxième école qui ouvre ses portes dans le même bâtiment. Les élèves de l’après-midi arrivent à 12 h 30 et partent à 18 h 30. »

« Les activités parascolaires, sportives, liées aux clubs et aux sociétés, ainsi que les réunions, sont tenues hors des horaires scolaires de chaque école. Par exemple, les élèves de l’école du matin participent aux activités extrascolaires l’après-midi. Les élèves de l’école de l’après-midi participent aux activités extrascolaires dans la matinée. »

Avantages du système deux-en-un

George affirme : « Grâce à ce système, nous n’avons pas besoin de mobiliser de financement pour construire de nouveaux bâtiments.»

« Les deux écoles se partagent les bureaux, les chaises, les casiers, les classes, les laboratoires, la cuisine, les toilettes, les installations de lavage des mains, la bibliothèque, les ouvrages de référence, les équipements informatiques et sportifs, les cours de récréation et les espaces de réunion. »

Ce système innovant permet aussi de réduire la fatigue des enseignants.

« Certaines écoles kényanes adoptent des systèmes alternés dans le cadre desquels les élèves assistent aux cours à des horaires différents, tandis que les mêmes enseignants travaillent toute la journée. Cependant, cette technique épuise les enseignants. Grâce à notre système de deux écoles en une, les enseignants peuvent donner le meilleur d’eux-mêmes pendant tous leurs cours. »

La mise en œuvre d’un nouveau programme d’études transformateur nécessite des ressources importantes

Cette solution permet à plus d’apprenants d’accéder à l’enseignement secondaire dans le camp de réfugiés de Kakuma. Cependant, le ratio élèves/enseignants reste particulièrement élevé.

« Aujourd’hui, on compte en moyenne 120 apprenants par enseignant. C’est pourquoi nous travaillons avec le Gouvernement du Kenya, les donateurs et d’autres organisations afin de résoudre ce problème. »

Il sera particulièrement important de réduire ce ratio en 2023, car le Gouvernement du Kenya lancera alors un nouveau programme d’études axé sur les compétences. Au lieu de se concentrer sur les notes des élèves, cette approche vise à aider les apprenants à acquérir les compétences, les connaissances et les talents dont ils auront besoin au moment où ils quitteront l’école, que ce soit pour continuer dans l’enseignement supérieur ou commencer à travailler. Ce programme est centré sur les apprenants, et non sur les enseignants. L’objectif est qu’ils progressent et maîtrisent de nouvelles compétences, à leur propre rythme.

George explique : « Ce nouveau système, qui mettra l’accent sur les compétences en technologie de l’information et de la communication, aidera les apprenants à s’épanouir dans un monde en constante évolution. »

Cependant, ce nouveau programme d’études, même s’il présente de nombreux avantages, prévoit un maximum de 30 apprenants par classe et exige que l’enseignant accorde plus d’attention à chaque apprenant individuel.

« Nous employons 335 enseignants pour 18 900 apprenants à ce jour. Avec ce nouveau programme d’études, nous aurons besoin de plus d’enseignants, de classes, de laboratoires, de matériel informatique et pédagogique et de manuels. »

« Nous comptons sur nos généreux donateurs pour nous aider à répondre à ces besoins. Leurs dons nous permettent de construire et de mettre en place des écoles pour les enfants du camp de réfugiés de Kakuma et donc de leur donner une chance de transformer leur avenir grâce à l’éducation. »

Malgré les défis à relever, George est convaincu que l’approche axée sur les compétences permettra aux apprenants d’acquérir les compétences et les savoirs dont ils auront besoin pour faire carrière au XXIsiècle.

Les futurs artisans de la paix

Pour George, s’assurer que les apprenants ont accès à une éducation de qualité ne va pas simplement les aider à trouver des moyens de subsistance plus stables. Grâce à l’éducation, ils acquièrent des compétences qui leur permettront d’avoir un effet positif sur la société.

George explique : « L’éducation joue un rôle majeur dans le développement de la paix dans le monde. Une bonne éducation permet aux apprenants de retourner dans leur pays d’origine, d’œuvrer à la résolution de conflits et au maintien de la paix et de devenir les dirigeants de demain. »

Apprenez-en plus sur la campagne #TeachersTransform lors du Sommet sur la transformation de l’éducation.

Crédit photo : John Cummings

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  • 08.08.2022

L’éducation au climat dans le cadre de #TeachersTransform : comment le Climate Action Project est devenu un mouvement mondial

Valise solaire portable avec batterie et panneau photovoltaïque, briques écologiques, électricité issue de l’eau de mer, récifs coralliens imprimés en 3D… Ce ne sont là que quelques-unes des solutions innovantes imaginées et mises en œuvre par les enseignants et apprenants participant au Climate Action Project.

Professeur d’informatique, le Belge Koen Timmers a créé le Climate Action Project en 2017. Il souhaitait ainsi créer une ressource pour aider les enseignants à intégrer le changement climatique dans leurs programmes. Il ne s’attendait pas à ce que son projet devienne un mouvement mondial en seulement cinq ans.

Le Climate Action Project contribue à transformer l’éducation et à soutenir les enseignants en intégrant le changement climatique et les modes de vie durables dans les programmes scolaires. Il promeut également une perspective mondiale, en encourageant le dialogue et la collaboration entre apprenants de différents pays.

À ce jour, plus de 10 millions d’apprenants de 107 pays ont participé à ce cours en ligne de six semaines soutenu par le Dr Jane Goodall, défenseur de l’environnement de renommée mondiale, mais aussi Amnesty International, Microsoft, le WWF, la NASA, l’UNESCO, le Programme des Nations Unies pour l’environnement et les Ministères de l’éducation de 16 pays.

L’enseignement transformateur encourage les apprenants à passer à l’action

« Le changement climatique est un phénomène qui touche tout le monde, partout. J’ai créé ce projet pour que les étudiants et les enseignants du monde entier puissent en discuter ensemble, apprendre les uns des autres et passer à l’action », explique Koen. Telle est, selon lui, la clé du succès de ce projet.

« On peut apprendre en consultant un manuel, en écoutant un enseignant, en lisant un journal. Mais dans tous ces cas, on se limite à un seul point de vue », déclare Koen. « En revanche, lorsqu’on discute avec une personne qui vit sur un autre continent et avec laquelle on partage des passions (comme le football ou la durabilité), une relation se construit. »

Utiliser la technologie pour transformer et étendre les plateformes d’enseignement

La passion de Koen a toujours été de contribuer à la transformation du domaine de l’éducation. « Je voulais exercer un métier en contact avec les gens. J’adore expliquer des choses et je voulais me consacrer à une activité utile à la société, alors je suis devenu enseignant. »

Depuis 2016, Koen a participé à la mise en place et à l’équipement d’un centre d’apprentissage dans le camp de réfugiés de Kakuma.  Grâce à ce centre, plus de 420 enseignants de 75 pays proposent des cours en ligne aux apprenants du camp de réfugiés.

« Dans ces cours, les apprenants de divers pays peuvent avoir des conversations enrichissantes avec les apprenants de Kakuma », explique Koen. « Ce dialogue aide tous les apprenants à adopter une vision globale et à déconstruire les stéréotypes. » 

C’est cette interaction en ligne entre apprenants du monde entier qui a inspiré Koen à créer le Climate Action Project.

Le Climate Action Project au service de la poursuite des ODD

Au-delà de créer une ressource pédagogique utile, Koen souhaitait que son projet contribue à l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD) en offrant aux enseignants et aux apprenants une plateforme promouvant un changement positif dans le monde.

« Je voulais permettre aux étudiants du monde entier d’entrer en relation, de faire part de la manière dont le changement climatique les touche et de proposer des solutions. »

« Ce qui m’a le plus surpris à propos du Climate Action Project, c’est sans doute la diversité des histoires de chacun », déclare Koen.

En Irlande, des participants ont convaincu le gouvernement de créer un nouveau logo pour les plastiques recyclables, tandis que des apprenants en Inde ont fabriqué une voiture à énergie solaire. Au Malawi, des étudiants ont planté 60 millions d’arbres. Aux États-Unis, d’autres étudiants ont fabriqué une batterie portable à énergie solaire logée dans une valise. D’autres encore ont conçu leurs propres briques écologiques en Indonésie.

Koen et ses partenaires ont également créé l’application EarthProject qui permet aux utilisateurs de suivre leurs comportements respectueux du climat, tels que la réduction de la consommation de viande rouge, l’achat de téléphones reconditionnés ou le covoiturage. L’application calcule la réduction d’émissions de carbone que permet chacune de ces actions.

Elle montre que l’intégration d’une initiative telle que le Climate Action Project dans les programmes scolaires est un moyen de transformer l’éducation et d’atteindre les ODD.

« Les élèves ne font pas qu’approfondir leurs connaissances du changement climatique. Ils passent à l’action et trouvent des solutions durables. »

Faire des enseignants et des apprenants une priorité est à la clé de  la transformation de l’éducation

Bien que Koen soutienne l’utilisation des technologies en tant que ressource pédagogique, il est convaincu que rien ne remplace un enseignant passionné et compétent.

« Nous devons revaloriser la rémunération des enseignants afin de réintégrer les meilleurs enseignants dans les salles de classe. Pour réussir dans la vie, il faut savoir résoudre des problèmes, filtrer les fake news et nouer des relations avec des personnes différentes de soi. C’est ainsi que les enseignants peuvent aider leurs élèves à adopter une perspective globale. Là est, à mon sens, l’avenir de l’éducation. »

En savoir plus sur la campagne #TeachersTransform dans le cadre du Sommet sur la transformation de l’éducation.