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  • 24.01.2023

"Investir dans les personnes et donner la priorité à l’éducation": ce que cela signifie pour un chef d’établissement

Cet entretien a été initialement publié par l’Institut international pour la planification de l’éducation de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) le 23 janvier 2023, en amont de la Journée internationale de l’éducation.


ShapeIl reste sept ans et 17 objectifs à atteindre pour respecter l’échéance des Objectifs de développement durable (ODD) pour les personnes, la planète et la prospérité. L’horloge tourne et la priorité doit être donnée à l’éducation pour accélérer les progrès vers la réalisation de l’ensemble des ODD, en particulier dans un contexte d’inégalités croissantes et de défis en rapide évolution. 

À l’occasion de la Journée internationale de l’éducation, l’Institut international pour la planification de l’éducation (IIPE) de l’UNESCO s’est entretenu avec des responsables de la planification du secteur de l’éducation et des décideurs politiques afin de connaître leurs objectifs, alors que 2030 approche à grands pas. Leurs témoignages marquent également le début d’une année de célébration à l’occasion du 60e anniversaire de l’IIPE, qui permettra d’ouvrir une réflexion sur l’avenir de la planification de l’éducation et de l’apprentissage pour tous. 

Hyacinth Bramble-Browne est directrice adjointe de l’unique école secondaire de l’île de Montserrat, dans les Caraïbes. Elle est également responsable de la planification de l’éducation et a occupé les fonctions de Présidente de l’Association des futurs enseignants de l’IIPE de l’UNESCO, tout en participant à un programme de formation d’une année au sein de l’Institut, de 2015 à 2016. Mme Bramble-Browne nous fait part de son point de vue sur cette journée importante pour l’éducation. 

La Journée internationale de l’éducation est importante pour moi, car elle constitue une occasion – non seulement au niveau local, mais aussi pour tous les éducateurs – de se pencher sur les problèmes auxquels l’éducation est confrontée et de chercher des solutions. Cette journée nous permet de planifier et d’organiser des discussions axées sur la recherche de solutions et le partage des bonnes pratiques avec nos parties prenantes, tout en étant à l’écoute de ce qui se passe au niveau régional et international. Nous espérons tirer parti des bonnes pratiques partagées et obtenir des avancées positives pour la réalisation des objectifs 2030 en matière d’éducation. 

Dans le cadre de mes fonctions actuelles, je dois veiller à ce que l’éducation secondaire réponde aux besoins de l’ensemble des élèves, et à ce que chaque enfant soit valorisé. À Montserrat, le système éducatif est inclusif et universel. Tous les élèves sont les bienvenus et les cours proposés par les écoles primaires publiques et l’unique établissement secondaire public sont gratuits. Cela signifie qu’en tant que chef d’établissement, je dois apporter mon soutien aux enseignants afin de veiller à ce qu’ils se sentent en confiance et à ce qu’ils disposent des outils nécessaires pour présenter le contenu pédagogique, mais aussi véhiculer des valeurs morales et sociales qui permettront aux élèves de trouver facilement leur place dans le monde du travail et de se montrer efficaces dans la poursuite de leurs études. 

Le monde doit investir dans l’éducation, car un enseignement de qualité apporte une valeur ajoutée à chaque pays. Des recherches indiquent qu’améliorer la qualité et le niveau d’éducation dans un pays contribue à accroître son produit intérieur brut (PIB). Indépendamment de ce constat, un enseignement de meilleure qualité a des répercussions positives dans le domaine de la santé et dans d’autres secteurs sociaux, entraînant ainsi une amélioration généralisée du niveau de vie. Si nous ne consacrons pas les fonds nécessaires à la mise en place d’un système éducatif de qualité et approprié, nous serons alors contraints de dépenser cet argent dans d’autres secteurs sociaux tels que la santé, les services sociaux, le logement, les prisons, etc. 


L’ensemble des entretiens réalisés par l’IIPE de l’UNESCO en vue de déterminer le sens que les responsables de la planification et les décideurs politiques attribuent à l’expression « investir dans les personnes et donner la priorité à l’éducation » sont disponibles ici

Crédit photo : Hyacinth Bramble-Browne 

Légende : Hyacinth Bramble-Browne, directrice adjointe de l’unique école secondaire de Montserrat, dans son bureau. 

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  • 21.11.2022

#LesEnseignantsTransforment les écoles qui ont du mal à recruter : une enseignante aide ses élèves à réussir envers et contre tout

« Il y a tellement d’enseignants prêts à redoubler d’efforts, mais ils ne devraient pas avoir à risquer leur vie. Afin qu’ils puissent accéder aux outils dont ils ont besoin pour aider leurs élèves, des dispositifs et des structures de soutien doivent être mis en place. »

Il y a tout juste dix ans, le lycée d’Oke-Odo de Lagos, au Nigeria, était l’un des établissements les moins performants du pays, et l’un des plus difficiles à pourvoir en personnel. Aujourd’hui, les élèves qui y sont inscrits s’illustrent brillamment dans les concours internationaux, et le lycée affiche des taux de réussite aux examens qui en font de lui un modèle à suivre pour les autres établissements. 

Comment ce changement a-t-il été possible ?

Situé dans le district d’Alimosho, le lycée d’Oke-Odo dessert, aux côtés de trois autres établissements d’enseignement secondaire, une communauté défavorisée qui compte plus de 1,3 million de personnes. Il se trouve à quelques kilomètres de deux des marchés les plus importants du pays, et à proximité de l’une des principales décharges de la région. Au premier abord, il peut s’avérer difficile de faire abstraction du bruit, de l’agitation et de l’odeur dégagée par les déchets en décomposition. 

Pourtant, quand Adeola Adefemi a commencé à enseigner dans l’établissement en 2013, elle ne s’est pas attardée sur le décor et a su déceler le potentiel de ses élèves.

« J’ai examiné leur visage, et je me suis dit : “Ce n’est pas leur faute.” L’endroit où ils sont nés ne devrait pas avoir d’incidence sur leur avenir. Je me suis rendu compte à quel point ils étaient résilients, et j’ai su que ma mission était d’amorcer le changement en eux, afin qu’ils puissent transformer leur communauté. »

Le lycée d’Oke-Odo n’est qu’un exemple parmi les milliers d’établissements scolaires dans le monde qui rencontrent des difficultés pour attirer des enseignants qualifiés. Des travaux de recherche menés par le Center for Global Development montrent que les écoles des quartiers pauvres qui obtiennent de mauvais résultats ont du mal à recruter du personnel. Les établissements implantés dans des zones urbaines très défavorisées disposent parfois de fonds discrétionnaires moins importants ou d’équipements plus limités. Cela pose des difficultés récurrentes en matière d’embauche et de rétention du personnel enseignant, notamment en ce qui concerne les professionnels les plus qualifiés.

Donner aux élèves l’occasion de briller

Adeola n’a pas laissé le manque de moyens disponibles dans son établissement faire obstacle à l’exercice de son métier. Bien au contraire, elle a créé plusieurs groupes proposant des activités extrascolaires axées sur la poésie, l’écriture, l’éloquence, l’art du débat et le théâtre au sein du lycée. Elle a ensuite commencé à inscrire ses élèves à des concours interscolaires ou organisés aux niveaux local et national afin de leur donner confiance en eux. 

En moins d’un an, le lycée avait remporté plus de 30 compétitions locales et internationales.

« Dès le tout début, l’une de mes priorités a été de tisser des liens avec mes élèves. Beaucoup d’entre eux vivent dans des conditions très difficiles. Certains sont les principaux soutiens financiers de famille : ils viennent à l’école pendant la journée puis vont travailler au marché le soir.

Je voulais aider mes élèves à croire en eux et à réaliser qu’ils ne sont pas prisonniers de leur milieu. C’est pour cela que j’ai lancé le programme de mentorat Every Child Counts et la campagne Child Not Bride, qui s’appuie sur la poésie et le théâtre pour éveiller les consciences au sujet des risques liés aux mutilations génitales féminines et au mariage d’enfants.

L’une de mes expériences les plus encourageantes a été de voir un élève surmonter son bégaiement et ses difficultés d’apprentissage afin de représenter le Nigeria lors d’un concours organisé au Royaume-Uni », se souvient Adeola. « Il a remporté le concours d’expression écrite ! Aujourd’hui il suit des études pour devenir ingénieur en métallurgie.

Son histoire est très motivante pour moi, mais aussi pour les autres élèves. Imaginez ce que nous pourrions accomplir si nous avions accès à un soutien et des moyens supplémentaires ! »

Les obstacles qui nuisent à l’attractivité des écoles 

Outre le faible salaire accordé aux enseignants, Adeola pense qu’il existe trois obstacles majeurs qui poussent les enseignants qualifiés et passionnés par leur métier à ne pas s’orienter vers des établissements scolaires tels que le lycée d’Oke-Odo. 

« L’un des problèmes principaux tient au fait que les classes sont surchargées. Non seulement il est difficile d’enseigner lorsqu’il y a trop d’élèves dans une classe, mais cela crée aussi du travail supplémentaire. Les enseignants se retrouvent parfois obligés de corriger plus d’un millier de copies par semaine. C’est tout bonnement impossible. »

Adeola est également convaincue que la sécurité constitue un enjeu essentiel pour les écoles qui ont du mal à recruter. 

« Lorsque l’on enseigne dans un établissement comme celui-ci, on fait face quotidiennement à un grand nombre de problèmes sociaux ou liés à la sécurité. Dans des quartiers aussi surpeuplés et défavorisés, il y a beaucoup de violence dans les foyers, et cela s’immisce dans les classes. J’ai déjà aidé plusieurs de mes élèves à signaler des abus sexuels, et il m’a fallu trouver des services adaptés pour les accompagner dans la gestion de leur traumatisme. J’ai également dû rendre visite aux parents d’une jeune fille pour les convaincre de la laisser continuer ses études au lieu de se marier. J’ai été très souvent exposée à des risques, au sein du lycée comme à l’extérieur. »

Adeola considère également qu’il est crucial de fournir un soutien aux enseignants. « Nous avons besoin d’être soutenus pour pouvoir faire notre métier. Nous devons avoir accès tant aux ressources de base, comme les livres et les fournitures de bureau, qu’aux outils numériques, aux structures d’aide sociale et à l’appui des pouvoirs publics.

Nous assumons de lourdes responsabilités envers les apprenants. Notre mission ne se limite pas à enseigner. Nous défendons la cause de nos élèves et les aidons à construire une vie meilleure. Nous avons besoin de savoir que lorsque nous signalons des problèmes, par exemple des cas de viol ou de mariage forcé dans nos classes, ceux-ci seront traités rapidement par les autorités.

« Il y a tellement d’enseignants prêts à redoubler d’efforts, mais ils ne devraient pas avoir à risquer leur vie. Des dispositifs et des structures de soutien doivent être établis afin que nous puissions accéder aux outils dont nous avons besoin pour aider nos élèves. »

Comment attirer davantage d’enseignants vers les écoles qui ont du mal à trouver du personnel ?

Pour contribuer à la résolution des problèmes liés aux surcharges de classes et au manque de soutien, des financements publics supplémentaires peuvent être alloués aux établissements scolaires des zones les plus pauvres en vue de les aider à accroître leurs effectifs d’enseignants, à construire des salles de classe supplémentaires et à mettre en place de nouvelles structures d’appui. 

La recherche montre que dans les pays à faible revenu, la part des ressources de l’enseignement public destinée aux enfants les plus pauvres ne s’élève qu’à 10 %, alors que cette proportion s’élève à 38 % pour les enfants les plus favorisés. Les pouvoirs publics doivent adopter des politiques d’affectation des ressources expressément destinées aux enfants les plus vulnérables. 

La boîte à outils, élaborée par l’Institut international de planification de l’éducation à l’intention des enseignants, souligne les difficultés rencontrées pour attirer le personnel enseignant féminin et assurer sa sécurité. Pour qu’il soit possible de créer des espaces d’enseignement et d’apprentissage protégés au sein des écoles, les politiques scolaires doivent s’attaquer à la violence liée au genre, encourager la création d’un réseau permettant aux enseignants de se soutenir mutuellement, et prévoir des programmes de mentorat. 

La réussite des élèves d’Adeola prouve que les enseignants qui se passionnent pour leur métier peuvent contribuer à transformer la vie des apprenants et de leur communauté. Il convient toutefois de se demander combien d’enfants supplémentaires pourraient voir leur vie s’améliorer si l’on mobilisait davantage de moyens pour répondre aux besoins des enseignants dans les écoles connaissant des difficultés de recrutement.

« Je pense que le souhait le plus cher de chaque enseignant est de bénéficier d’un soutien : celui des autres membres de la profession, de la direction de son établissement, des parents, de la communauté, et des pouvoirs publics. Nous avons besoin de savoir que nous ne sommes pas seuls. »

Pour en savoir plus :

Crédit photo : Adeola Adefemi

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  • 14.11.2022

#LesEnseignantsTransforment l’éducation de la petite enfance : Poser les jalons de l’avenir des enfants

« Au fil des années, je me suis rendu compte que nous sommes bien plus que de "simples" enseignants. Nous sommes aussi des modèles, des amis, des parents et des confidents pour nos élèves. »

Après avoir travaillé pendant 18 ans comme analyste de données en Jamaïque, Sheryl Miller a pris la décision spontanée de quitter son emploi pour retourner à l’université et préparer un diplôme en éducation et protection de la petite enfance (EPPE). Dix ans se sont écoulés depuis l’obtention de sa qualification, et elle n’a aucun regret. 

« On m’a toujours dit que je ferais une excellente enseignante. Alors, à l’âge de 39 ans, j’ai décidé qu’il était temps de changer de voie professionnelle et de me reconvertir dans l’enseignement. »

Sheryl a suivi deux ans d’études pour obtenir son diplôme de premier cycle universitaire, avant de consacrer quatre années à la préparation de son diplôme en éducation de la petite enfance. Après une dizaine d’années au service de la petite enfance, elle reste convaincue d’avoir fait le bon choix.

« C’est un métier qui peut parfois sembler ingrat parce qu’il demande énormément de temps, d’énergie et de ressources. Mais notre récompense, en définitive, c’est de voir les enfants s’épanouir », explique Sheryl. 

« À mes yeux, il ne s’agit pas d’un simple travail, mais d’un métier à part entière. »

L’UNICEF considère que l’éducation de la petite enfance constitue le fondement même d’un apprentissage de base de qualité et qu’elle aide les enfants à acquérir non seulement des compétences essentielles en lecture, en écriture et en calcul, mais également les aptitudes sociales et émotionnelles nécessaires pour réussir dans la vie.

« Au fil des années, je me suis rendu compte que nous sommes bien plus que de "simples" enseignants. Nous sommes aussi des modèles, des amis, des parents et des confidents pour nos élèves. Il arrive qu’ils nous racontent des choses qui se passent chez eux, et que nous soyons obligés de prendre des mesures et d’intervenir pour leur sécurité. Parfois ils ont juste besoin qu’on les prenne dans nos bras ou qu’on les encourage. »

Les enseignants et les établissements du secteur de l’EPPE font face à une série d’obstacles

Bien que l’éducation de la petite enfance soit reconnue comme revêtant une importance fondamentale pour tous les enfants, les enseignants en EPPE font encore face à de nombreux obstacles aux quatre coins du monde. 

« Nous essayons de rendre nos leçons aussi interactives que possible pour retenir l’attention des enfants de 3, 4 et 5 ans. Ils apprennent par le toucher, la vue, le goût… et pour y parvenir, nous avons besoin de ressources. Les enseignants finissent souvent par acheter des fournitures du bureau, des livres, des supports d’apprentissage ou autres qu’ils payent de leur poche. Dans ma salle de classe, il y a beaucoup de matériel que je finance moi-même pour l’enseignement des sciences ou les activités d’alphabétisation.

J’ai rejoint le Comité pour la petite enfance de l’Association des enseignants jamaïcains dans le but de défendre la profession enseignante et de sensibiliser au manque de soutien et de moyens dont nous pâtissons. »

Les enseignants ont besoin d’être davantage reconnus et respectés pour leur engagement en faveur de l’éducation

Sheryl estime que le manque général de reconnaissance quant à l’importance des apprentissages fondamentaux constitue une difficulté supplémentaire pour le secteur de l’EPPE. 

« Certains parents nous considèrent comme de simples "babysitters". Cependant, il faut toujours garder à l’esprit que nous ne sommes pas là pour les adultes, mais pour les élèves. 

Les enfants évoluent : ils rampent, se mettent à quatre pattes, arrivent à se tenir debout, puis se déplacent et finissent par faire leurs premiers pas. Il en va de même dans le cadre de l’éducation de la petite enfance. Nous les guidons étape par étape dans l’apprentissage des lettres et des nombres, des formes et des couleurs. »

Sheryl est persuadée que si la pandémie de COVID-19 a gravement perturbé l’apprentissage, elle a également engendré des conséquences positives. 

« Cela a permis aux parents de réaliser combien l’éducation de la petite enfance est importante. C’est au cours de cette période où ils ont supervisé l’apprentissage en ligne de leurs enfants qu’ils ont réellement pu voir ce que nous faisons, et comment nous le faisons. Cette expérience a contribué à renforcer la relation de confiance qui existe entre les parents et les enseignants », précise-t-elle. 

Bien que les enseignants du secteur de la petite enfance aient peut-être bénéficié d’un soutien et d’un respect plus marqués de la part des parents pendant la pandémie, un grand nombre d’entre eux ont dû élaborer leurs propres stratégies et utiliser leurs propres ressources pour aider leurs élèves à poursuivre leur apprentissage au cours des périodes de confinement. 

Dans son Rapport mondial de suivi sur l’éducation [concernant] les acteurs non étatiques dans l’éducation, l’UNESCO indique que 55 % des pays seulement ont fourni des instructions permettant aux enseignants des établissements pré-primaires d’assurer la continuité de l’apprentissage pendant la pandémie, alors que cette proportion s’élève à 70 % pour les autres niveaux d’enseignement. 

La pandémie de COVID-19 a également montré que les États doivent investir pour équiper les écoles en ressources et en technologies

« Sur le plan éducatif, de nombreux enfants ont pâti des périodes de confinement parce qu’ils n’avaient pas accès aux appareils ou aux données dont ils avaient besoin. Quand les écoles ont rouvert leurs portes, nous avons remarqué une baisse du niveau des élèves en lecture, en écriture et en calcul », rapporte Sheryl. 

Les règles de distanciation physique ont également forcé beaucoup d’établissements à réduire le nombre d’enfants présents dans les classes. 

« En Jamaïque, les règles de distanciation physique sont toujours en vigueur, et certains élèves n’ont pas pu retourner à l’école car les établissements abordables financièrement affichent complet, et les parents n’ont pas les moyens d’inscrire leurs enfants dans d’autres structures. »

La pandémie a par ailleurs entraîné un épuisement professionnel chez de nombreux enseignants, ainsi que des démissions 

« Pour encourager les enseignants à rester dans la profession, afin qu’ils continuent à transformer l’éducation au niveau de la petite enfance, nous avons besoin d’un soutien financier et de moyens supplémentaires. Nous devons veiller à ce que les enseignants soient davantage respectés et reconnus pour le travail qu’ils accomplissent », affirme Sheryl.

La Conférence mondiale sur l’éducation et la protection de la petite enfance, organisée par l’UNESCO du 14 au 16 novembre à Tachkent, en Ouzbékistan, vise à réaffirmer l’engagement des États membres à soutenir le droit de chaque jeune enfant à une éducation et à une protection de qualité dès la naissance. 

Pour en savoir plus :

Crédit photo : Sheryl Miller

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  • 08.11.2022

Comment remédier à la pénurie d’enseignants dans le monde ?

This blog has originally been published on 17 October 2022, on the Global Partnership for Education website


En ce début d’année scolaire dans nombre de pays, les médias font état d'une pénurie d'enseignants, les éducateurs les plus dévoués et les plus passionnés se lassant du manque de soutien, de ressources et de reconnaissance à leur égard. Un nouveau rapport examine les tendances dans la profession enseignante dans le monde et formule des recommandations pour améliorer la situation.

Selon les derniers calculs effectués par l’Équipe spéciale internationale sur les Enseignants pour Éducation 2030 et l'UNESCO, publiés à l'occasion de la Journée mondiale des enseignants, des données récentes montrent que l'Afrique subsaharienne à elle seule devrait recruter 16,5 millions d'enseignants supplémentaires pour atteindre les objectifs d'éducation d'ici 2030.

Cela signifie que 5,4 millions de nouveaux enseignants sont nécessaires dans le primaire et 11,1 millions dans le secondaire, pour pouvoir répondre aux besoins de la population croissante d'âge scolaire dans la région et limiter le nombre croissant d'enfants non scolarisés.

Les pays de la région du Sahel, notamment les pays comme le Niger et le Tchad, sont dans une situation particulièrement critique et doivent doubler leurs effectifs d'enseignants du primaire pour atteindre ces objectifs.

En Asie du Sud, malgré des progrès dans certains pays, on note tout de même un déficit substantiel de 7 millions d'enseignants : 1,7 million d'enseignants seront nécessaires dans le primaire et 5,3 millions dans le secondaire. Il s'agit néanmoins d'une réduction considérable par rapport aux projections antérieures.

La faible projection concernant les enseignants du primaire peut être attribuée aux progrès en matière d'éducation primaire universelle au Bangladesh et en Inde, ainsi qu'à la baisse des taux de natalité.

Ailleurs dans la région, en Afghanistan et au Pakistan par exemple, le taux de croissance annuel des enseignants du primaire devrait augmenter d'environ 50 % ou de plus de 10 % par an pour parvenir à l'éducation primaire universelle d'ici 2030.

Les pénuries d'enseignants ne concernent pas uniquement le monde en développement. Elles touchent également des pays comme l'Australie, la Chine, l'Estonie, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, le Japon, la Malaisie, les Pays-Bas et bien d'autres.

La COVID-19 n'a fait qu'exacerber la crise actuelle du recrutement des enseignants

La pandémie de COVID-19 est en partie responsable de ce problème : leur santé fragile et le stress lié à la pandémie ayant poussé nombre d’enseignants à démissionner. Cependant, nous savons que la COVID-19 n'était que le point de basculement et n’a fait qu’aggraver une situation déjà problématique avant la pandémie.

Les enseignants quittant la profession – l'attrition des enseignants – est une préoccupation majeure à laquelle est confrontée la profession et qui a de sérieuses répercussions sur l'apprentissage.

Un article (en anglais) du Guardian rapporte que 44 % des enseignants en Angleterre envisagent de démissionner au cours des cinq prochaines années, la plupart blâmant leur lourde charge de travail. Une enquête (en anglais) auprès de 8 600 enseignants en Nouvelle-Galles du Sud, en Australie, a également révélé que plus de la moitié des enseignants interrogés envisageaient de quitter la profession dans les cinq prochaines années.

L'attrition des enseignants a de nombreuses causes, notamment un manque d'incitations financières, de mauvaises conditions de travail, des charges de travail élevées, un manque de préparation, une faible autonomie, un soutien administratif inadéquat, des salles de classe mal conçues et un manque de ressources pédagogiques.

L'émigration à la recherche de meilleures opportunités est également une cause d'attrition. En France, une étude récente a révélé que, dans les années 1980, un enseignant débutant gagnait 2,3 fois le salaire minimum. Aujourd'hui, cela équivaut à seulement 1,2 fois le salaire minimum.

Dans les régions mal desservies et les contextes de crise, les conditions d'enseignement déjà difficiles sont aggravées par un manque de qualifications et d'opportunités de développement professionnel pour les enseignants ; et par des méthodes inéquitables de déploiement qui consistent à affecter les enseignants les moins qualifiés et les moins expérimentés dans les régions où les meilleurs sont nécessaires.

Une action urgente est nécessaire pour résoudre cette crise

Certains pays mettent en œuvre des solutions à court terme en s'attaquant aux symptômes plutôt qu'aux causes de ces démissions d'enseignants. Certaines écoles aux États-Unis d'Amérique (en anglais) proposent aux élèves de suivre deux cours de la même matière en une année et augmentent la charge de travail des enseignants laissés de côté, tandis que d'autres réduisent les niveaux d’exigence (en anglais) et emploient des enseignants moins qualifiés.

Pendant ce temps, certains pays adoptent des stratégies de recrutement controversées, notamment le recours accru à des enseignants contractuels. En Italie, par exemple, où les enseignants sont en moyenne parmi les plus âgés de la région, 150 000 postes d'enseignants ont déjà été pourvus par des enseignants contractuels.

Pour aider à inverser cette tendance et apporter une solution à cette crise mondiale, les auteurs de cette étude, conformément aux récentes consultations mondiales organisées dans le cadre du Sommet sur la Transformation de l'éducation, recommandent aux gouvernements de :

  • Améliorer le statut professionnel et social des enseignants pour attirer davantage de personnes dans la profession, notamment en renforçant le dialogue social et la participation des enseignants à la prise des décisions relatives à l'éducation ;
  • Formuler et mettre en œuvre des politiques enseignantes qui calculent et chiffrent les besoins d'expansion du personnel enseignant et intègrent progressivement les enseignants contractuels dans la fonction publique, tout en améliorant les conditions contractuelles ;
  • Améliorer le financement des enseignants grâce à des stratégies nationales de réforme intégrées et à une gouvernance efficace, en allouant 4 à 6 % du PIB ou 15 à 20 % des dépenses publiques à l'éducation ;
  • Veiller à ce que les salaires des enseignants soient compétitifs comparés à ceux d'autres professions exigeant des niveaux de qualification similaires ; et inclure des incitations à rester dans la profession en fonction de l'expérience et des qualifications, tout en leur offrant des possibilités de mobilité verticale et horizontale tout au long de leur carrière ;
  • Promouvoir l'égalité des genres dans la profession enseignante et lutter contre les préjugés sexistes à différents niveaux d'éducation et spécialisations, en aidant les femmes à assumer des rôles de leadership ;
  • Développer des processus de qualification et d'accréditation plus flexibles qui permettent de multiples points d'entrée pour attirer des candidats supplémentaires dans la profession tout en maintenant des normes de qualité.

Téléchargez le document ici.

Crédit photo : GPE/Kelley Lynch. M. Ibrahim, psychologue à l'Ecole Normale Saâdou Galadima de Niamey au Niger, avec des élèves professeurs.