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Blog
  • 28.06.2022

Transformer notre compréhension des enseignant.e.s réfugié.e.s et de l’enseignement dans les contextes de déplacement forcé

Chris Henderson, coprésident de la Inter-agency Network for Education in Emergencies (INEE) Teachers in Crisis Contexts (TiCC) Working Group et Teachers College, Columbia University.


Dans les zones d’installation de populations réfugiées, les enseignant.e.s contribuent plus que tout autre facteur scolaire à l’apprentissage et au bien-être des enfants. Les enseignant.e.s réfugié.e.s sont en outre armés de solides connaissances locales et d’une volonté d’améliorer la réponse aux crises, ainsi que les résultats sur le plan de la sortie de crise. Pourtant, malgré leur rôle crucial et le contexte difficile dans lequel ils assurent la continuité de l’apprentissage, les enseignant.e.s réfugié.e.s ne reçoivent pas toujours le soutien dont il.elle.s ont besoin.

Bien que visibles auprès des acteurs du secteur de l’éducation dans le domaine humanitaire, il.elle.s continuent d’être largement ignorés dans les examens sectoriels des systèmes éducatifs nationaux qui orientent la planification pluriannuelle de l’éducation, ainsi que dans les budgets qui prennent en compte les besoins des enseignant.e.s. Il convient donc d’accorder une plus grande attention aux difficultés que ces enseignant.e.s rencontrent et de les inclure dans les plans visant à la réalisation de l’ODD 4.

Des conditions d’enseignement difficiles

Les enseignant.e.s travaillant dans les zones abritant des populations réfugiées sont confronté.e.s à des conditions de travail particulièrement éprouvantes. En effet, les régions où les personnes réfugiées sont autorisées à s’installer sont souvent dépourvues de salles de classe adéquates, de matériel pédagogique et d’autres ressources de base. Les salles de classe sont plus susceptibles d’être surpeuplées, multi-âges, multi-aptitudes et multilingues, surtout dans les premières années, lorsque sont enseignées les compétences de base en matière de lecture, d’écriture et de calcul. Les enseignant.e.s sont souvent obligé.e.s d’enseigner par roulement, couvrant moins de matière en moins de temps, avec des attentes moindres en termes de résultats d’apprentissage. Il.elle.s peuvent également être amené.e.s à enseigner des matières dans une deuxième ou troisième langue, ou à recourir à des méthodes pédagogiques hybrides.

Par ailleurs, les enseignant.e.s réfugié.e.s travaillent avec des enfants et des jeunes qui ont vécu ou ont été témoins des souffrances aiguës et chroniques de leurs familles et de leurs proches. Ces enfants et ces jeunes sont plus susceptibles de présenter des troubles de l’apprentissage ou du comportement liés non seulement à l’interruption de leur éducation, mais aussi aux difficultés qu’il.elle.s rencontrent au quotidien.

Manque de possibilités de formation

Là où des opportunités de développement professionnel avant et pendant le service existent pour les enseignant.e.s réfugié.e.s, elles tendent à être sporadiques et de qualité variable. La diversité des acteurs non étatiques qui apportent un soutien à la gestion et au développement des enseignant.e.s dans des contextes de déplacement forcé limite également les réponses prévisibles et durables aux besoins professionnels, personnels et familiaux des enseignant.e.s.

Un parcours professionnel incertain

La plupart des enseignant.e.s réfugié.e.s vivent là où leur droit à la protection internationale est reconnu, ce qui signifie, en somme, qu’il.elle.s ont le droit de ne pas être renvoyés de force dans leur pays d’origine. Or, la protection des personnes réfugiées ne garantit pas nécessairement la reconnaissance des qualifications pour l’emploi, ni l’accès à des opportunités de développement professionnel continu lorsque les enseignant.e.s ne sont pas diplômé.e.s ou sont sous-qualifié.e.s.

Il est temps de reconnaître le rôle des enseignant.e.s réfugié.e.s

Il nous arrive si souvent de défendre la cause des enseignant.e.s et de rendre hommage à leur travail. Pourtant, en tant que responsables politiques et professionnel.le.s du secteur humanitaire, nous nous devons de joindre la parole à l’acte et de respecter notre engagement envers la profession en réimaginant et en transformant notre compréhension commune des enseignant.e.s et de la valeur de leur travail dans les contextes d’accueil de personnes réfugiées. Sans un soutien et une reconnaissance suffisants des enseignant.e.s réfugié.e.s, l’accès à l’éducation et les résultats d’apprentissage des enfants touchés par le déplacement forcé resteront précaires et l’objectif 4 des ODD ne sera pas atteint.

Il est donc temps d’accorder aux enseignant.e.s réfugié.e.s le statut et les conditions qu’il.elle.s méritent et dont il.elle.s ont désespérément besoin ; il est temps de donner une visibilité aux enseignant.e.s réfugié.e.s. Un mouvement vers l’inclusion des personnes réfugiées au sein des systèmes éducatifs nationaux suite à l’adoption du Pacte mondial sur les réfugiés (GCR) en 2018 offre une opportunité d’action. Il s’agit d’accorder un soutien prévisible et durable pour les enseignant.e.s réfugié.e.s, un développement professionnel continu et l’accès à des conditions de travail équitables et décentes.

Vers une compréhension commune des enseignant.e.s dans les contextes d’accueil de réfugié.e.s

Afin d’inclure les points ci-dessus à l’ordre du jour de la Piste d’action 3 – enseignants, enseignement et profession enseignante – du Sommet « Transformer l’éducation », et d’œuvrer en faveur d’une compréhension commune des enseignant.e.s et de l’enseignement dans les contextes d’accueil des réfugiés, le HCR, l’INEE et l’Internationale de l’Éducation (IE) organiseront conjointement une réunion dans le cadre du prochain pré-Sommet « Transformer l’éducation » à Paris.

Nous réunirons les représentant.e.s de gouvernements, des Nations Unies, des organisations internationales non gouvernementales et des organisations de la société civile aux côtés d’enseignant.e.s et de jeunes réfugié.e.s du Tchad, du Kenya et du Venezuela pour discuter et débattre des défis suivants :

  1. Qui considérons-nous comme des « enseignant.e.s » dans les contextes d’accueil des réfugié.e.s ? De nouvelles définitions et conditions préalables à l’entrée dans la profession pourraient-elles constituer une partie de la solution à la pénurie mondiale d’enseignant.e.s ?
  2. Comment, le cas échéant, reconnaître et régulariser les enseignant.e.s communautaires et réfugié.e.s comme partie intégrante du corps enseignant professionnel dans les contextes d’accueil des réfugié.e.s ?
  3. Quelles sont les limites ou les obstacles des cadres juridiques et des mécanismes de financement actuels, et quelles sont les approches innovantes qui existent pour surmonter les difficultés de financement ?

Cette session sera également l’occasion de donner la parole aux enseignant.e.s et aux jeunes réfugié.e.s afin de leur permettre de partager leurs expériences et de contribuer à l’élaboration d’un programme de transformation des services d’éducation dans les contextes de crise à l’échelle mondiale.

L’un des principaux résultats de cette réunion consistera en un ensemble de recommandations, élaborées par les facilitateur.rice.s de la réunion représentant l’INEE, le HCR et l’IE, et soumises à l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 en vue de leur examen et leur inclusion dans les déclarations ultérieures du sommet Transformer l’éducation relatives à la Piste d’action 3.

Nous vous invitons à participer en personne ou via webcast à cette importante réunion qui se tiendra le jeudi 30 juin de 13h00 à 15h00 CET. Nous avons besoin de votre voix pour rendre visibles et mettre en valeur les enseignant.e.s réfugié.e.s lors du sommet Transformer l’éducation qui se tiendra à New York en septembre.

Pour plus de détails, veuillez consulter le programme du pré-sommet ici.

Crédit photo: M'Bera refugee camp, Mauritania. EU/ECHO/José Cendón

Nouvelles
  • 04.04.2022

Situations d’urgence : soutenir les enseignants grâce à des politiques adaptées aux crises

Rédigé par Karen Mundy, Directrice de l’Institut international de planification de l’éducation (UNESCO) et Carlos Vargas-Tamez, Chef du Secrétariat de l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 et Chef de la Section pour le développement des enseignants (UNESCO).


Les événements qui se déroulent actuellement en Ukraine nous rappellent brutalement que des crises peuvent frapper n’importe où, n’importe quand. Par ailleurs, d’autres crises en cours telles que la pandémie de COVID-19 ainsi que divers conflits et catastrophes à travers le monde, y compris ceux dus aux changements climatiques, menacent la continuité et la qualité de l’éducation, en particulier pour les personnes déplacées. En 2021, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a indiqué que plus de 84 millions de personnes dans le monde avaient été contraintes de quitter leur lieu de vie. En 2022 ce chiffre devrait augmenter, car plus d’un million et demi d’enfants ont déjà fui l’Ukraine.

Les systèmes éducatifs sont-ils prêts à réagir ?

Les systèmes éducatifs ne sont généralement pas suffisamment préparés à faire face aux crises, qu’il s’agisse d’accueillir l’arrivée soudaine des enfants réfugiés, d’assurer la sécurité des apprenants et des enseignants, ou de devoir passer rapidement à l’apprentissage à distance. De nombreux pays des plans de préparation, réponse et rétablissement après aux crises font défaut, ce qui risque d’aggraver des situations déjà chaotiques, et laissent les intervenants de première ligne avec peu d’orientations et des équipements limités pour réagir efficacement.

Les établissements scolaires et leurs communautés sont trop souvent directement ciblés par les attaques. Entre 2015 et 2019, plus de 8 000 élèves, enseignants et autres membres du personnel d’établissements scolaires de 37 pays touchés par des conflits ont été tués, blessés, enlevés, menacés, arrêtés ou détenus, selon la Coalition mondiale pour la protection de l’éducation contre les attaques. D’après de nombreux rapports, les écoles feraient l’objet d’attaques en Ukraine.

Comme la pandémie de COVID-19 l’a montré, les enseignants, qui sont eux-mêmes touchés par la crise, assument souvent un rôle de soutien essentiel auprès de leurs collègues et de leurs élèves. Ils peuvent favoriser un sentiment de sécurité et de normalité, tout en apportant aux familles et aux communautés des informations importantes. Leur soutien aux apprenants est fondamental. Toutefois, les enseignants ne peuvent exercer ce rôle que si leurs besoins sont d’abord satisfaits. 

Par exemple, ils doivent disposer des outils nécessaires pour enseigner dans des conditions de plus en plus difficiles (infrastructures endommagées, classes en sureffectif…). Ils doivent aussi pouvoir adapter les méthodes pédagogiques aux apprenants habitués à des systèmes éducatifs utilisant d’autres programmes et d’autres langues. Comme les enseignants sont touchés par les crises de diverses manières, ils doivent également recevoir un accompagnement psychosocial, matériel et financier adéquat afin de pouvoir soutenir les apprenants. 

Soutenir les systèmes éducatifs afin d’élaborer des politiques enseignantes adaptées aux crises

Si nous voulons que les enseignants puissent assumer un rôle essentiel de soutien et de protection afin de garantir une éducation inclusive et de qualité, et de promouvoir la cohésion sociale et la résilience, il est essentiel de tenir compte des situations d’urgence et de crise lors de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques enseignantes nationales. Cela implique d’anticiper et de relever les défis du recrutement, du déploiement, de la rétention et de la formation des enseignants, tout en veillant à leur bien-être, à la sécurité de leur emploi et à ce qu’ils disposent de conditions de travail sûres, dans un environnement favorable.

En 2021, les organisateurs de l’Initiative norvégienne sur les enseignants ont rejoint l’Équipe spéciale sur les enseignants et l’Institut international de planification de l’éducation de l’UNESCO. Ensemble, ils ont mis au point un nouveau module qui reconnaît le rôle important joué par les enseignants dans la préparation et la réponse à ces situations et vise à éclairer l’élaboration et la mise en œuvre de politiques enseignantes nationales adaptées aux situations d’urgence et de crise.

Ce nouveau module complète le Guide pour l’élaboration d’une politique enseignante de 2019. Il souligne la nécessité de mettre en place des politiques enseignantes adaptées aux crises pour accroître la résilience des systèmes éducatifs en veillant à ce que les acteurs de l’éducation soient mesure de se préparer et de répondre aux crises. Il aborde les différentes dimensions de la politique enseignante et propose de nouvelles mesures visant à soutenir les enseignants dans leur travail de prévention, d'atténuation et de rétablissement après des conflits et des catastrophes. Le module comprend aussi des exemples nationaux de politiques et de pratiques efficaces en matière de gestion des enseignants dans des situations de crise.

Les politiques enseignantes qui prennent en compte les effets des crises dans la profession peuvent motiver le personnel et encourager un travail de qualité. Ces politiques sont essentielles non seulement pour soutenir et protéger les enseignants, mais aussi pour les préparer à offrir aux enfants vulnérables des espaces d’apprentissage sûrs et une éducation de qualité, protégeant ainsi ce droit fondamental universel.

Le nouveau module sur l’élaboration de politiques enseignantes adaptées aux crises peut être téléchargé sur le site Web de lÉquipe spéciale sur les enseignants.

À propos du Guide pour l’élaboration d’une politique enseignante

Le Guide pour l’élaboration d’une politique enseignante est conçu comme un outil dynamique, destiné à relever les défis émergents en matière de politique relative aux enseignants. Il repose sur l’idée selon laquelle il est nécessaire d’adopter une politique enseignante globale afin d’améliorer la quantité et la qualité des enseignants. Pour permettre une éducation inclusive et de qualité, ces politiques doivent être exhaustives et intégrer différents aspects interdépendants relatifs à la profession, notamment le recrutement et la rétention, la formation, le déploiement, le parcours professionnel, les conditions de travail, la gratification et la rémunération des enseignants, ainsi que les normes d’exercice de la profession enseignante, la responsabilité pédagogique et la gouvernance scolaire. En outre, elles doivent être bien planifiées, dotées de ressources et alignées sur d’autres politiques, éducatives et non éducatives, pour garantir une mise en œuvre efficace.

Crédit photo : Sacha Myers, Save the Children

Blog
  • 27.09.2021

Élaboration d’une politique enseignante adaptée aux situations de crise : webinaire et consultation internationale

Face à l’augmentation des perturbations et des crises mondiales, il ne sera pas possible de garantir une éducation de qualité inclusive et équitable pour tous d’ici 2030 ( ODD 4) si la planification de l’éducation n’est pas adaptée aux situations de crise. Les enseignants, qui sont le facteur le plus important au sein de l’établissement scolaire pour influencer les résultats de l’élève, sont souvent en première ligne dans les situations de crise. C’est pourquoi il est impératif de donner la priorité aux enseignants, de les soutenir et de les protéger par le biais d’une politique et d’une planification de l’éducation adéquates.

En s’appuyant sur la Note d’orientation sur l’élaboration d’une politique enseignante adaptée aux situations de crise élaborée conjointement par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Organisation internationale du Travail (OIT) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en 2020 dans le cadre de l’Initiative norvégienne pour les enseignants (NTI), le webinaire sur les politiques enseignantes et la planification adaptées aux situations d’urgence et de déplacement qui s’est tenu le 16 septembre, a réuni des experts politiques, des représentants de pays et des enseignants pour mettre en évidence ce qui est nécessaire pour garantir une politique enseignante adaptée aux situations de crise.

Au cours d’une discussion qui a abordé les principaux aspects stratégiques du guide, les participants ont partagé les enseignements tirés des crises précédentes et actuelles, ont discuté du rôle des enseignants dans les contextes d’urgence et de déplacement, et ont plaidé pour un soutien accru des enseignants dans ces contextes.

Les déplacements créent des difficultés pour le recrutement, la formation et le déploiement des enseignants 

Si la COVID-19 a mis en lumière, à l’échelle mondiale, les difficultés auxquelles les enseignants sont confrontés lorsque la scolarité est perturbée, cette pandémie n’est qu’une des nombreuses situations de crise qui remettent en cause la continuité et la qualité de l’éducation à travers le monde. Selon le HCR (2021), fin 2020, 82,4 millions de personnes ont été déplacées de force en raison de conflits violents, de persécutions et de catastrophes naturelles.

Mme Angéline Neya Donbwa, secrétaire technique de l’Éducation en situation d’urgence au Burkina Faso, a fait écho au constat de Mme Alezuyo. Elle a ajouté qu’avec plus de 1,4 million de personnes déplacées et 2 444 écoles fermées au sein de son pays, le redéploiement d’enseignants depuis des zones ravagées par les conflits vers des villages déjà surpeuplés dans des zones plus sûres, représentait une difficulté majeure. Grace*, une enseignante déplacée originaire elle aussi du Burkina Faso, s’est exprimée sur les défis que pose l’enseignement à des enfants traumatisés. Elle a expliqué que certains de ses élèves rencontraient des difficultés à se concentrer en classe, avaient peur, ou réagissaient de manière agressive ou violente. Elle a également noté qu’au sein de sa classe, elle devait répondre non seulement aux besoins des enfants déplacés, mais aussi à ceux des enfants de la communauté du pays d’accueil.

Un soutien psychosocial et financier est primordial pour les élèves comme pour les enseignants

Un soutien psychosocial apparaît comme une dimension importante de la planification adaptée aux situations de crise. Mme Neya Donbwa a expliqué que la nécessité de recevoir cette forme de soutien avait été clairement exprimée par les communautés affectées par l’insécurité et la violence au sein de son pays. En plus d’avoir eux-mêmes besoin de soutien pour répondre aux épisodes traumatiques, les enseignants ont besoin de pouvoir faire face aux effets physiques et émotionnels de la crise sur leurs élèves. C’est ce qui a conduit l’équipe de Mme Neya Donbwa à élaborer un module pour faire face aux situations traumatiques. Ce dernier vient compléter leur formation « Safe Schools » (Écoles sûres), conçue pour préparer les enseignants aux situations de crises.  

En outre, la stabilité financière des enseignants est souvent mise à mal lors de situations de crises et d’urgence. Mme Neya Donbwa a expliqué que continuer à verser un salaire aux enseignants ayant dû fuir une zone à risques était l’une des dispositions de leur stratégie de gestion des enseignants en temps de crise. De même, Mme Alezuyo a précisé qu’en temps de crise en Ouganda, les enseignants des établissements publics avaient continué à recevoir leur salaire jusqu’à leur redéploiement. Cela n’était toutefois pas le cas des enseignants des écoles privées pendant la crise de la COVID-19, comme l’a souligné Mme Stella Turehe, une enseignante ougandaise. Mme Turehe a indiqué que les pressions financières auxquelles les écoles privées avaient été confrontées pendant cette crise avaient entraîné la fermeture de nombreuses écoles et la perte d’emploi d’enseignants.

Le respect des mesures sanitaires demande de la flexibilité et de l’innovation

Le respect des mesures sanitaires de lutte contre la COVID-19 s’est également montré difficile pour les écoles et a parfois conduit à leur fermeture complète. En Ouganda, les mesures émises par le ministère de la Santé ont limité à 20 le nombre d’élèves par enseignant. Selon Mme Turehe, les écoles des camps de réfugiés — qui ont un taux d’inscription élevé — ont eu du mal à rouvrir. Cependant, en réponse à ces mesures, des enseignants ont mis en place un certain nombre d’actions avec le soutien d’organisations non gouvernementales, parmi lesquelles la création d’un système de double vacation pour permettre la réouverture des écoles, la promotion de l’apprentissage en ligne par le biais de tablettes, et de l’apprentissage en groupe dans les communautés d’étudiants réfugiés.

De plus, les enseignants ont également fait preuve d’innovation pour soutenir l’ensemble de la communauté scolaire pendant la crise de la COVID-19 en Ouganda. Ils ont organisé des campagnes promouvant le retour à l’école, mis en place des comités pour établir des liens avec les apprenants et les parents, créé des clubs d’étudiants et offert des conseils aux adolescents.

L’importance des mécanismes de communication et de consultation

Les mécanismes de communication et de retour d’information des enseignants sont essentiels afin de s’assurer que les décideurs politiques sont suffisamment informés des conditions en évolution constante qui caractérisent les situations de crise. Mme Alezuyo a expliqué qu’il existe différents niveaux de communication entre les décideurs politiques, les enseignants et les communautés de son pays. Elle a précisé de quelle manière ces niveaux sont propices à la planification d’une éducation adaptée aux situations de crise. Le système d’information sur la gestion des enseignants recense les niveaux de formation et d’expérience, ce qui facilite le déploiement des enseignants et une planification efficace pendant les crises. La communication au niveau de l’établissement scolaire et de la communauté s’est adaptée, y compris par le biais de téléphones portables, de radios et de plateformes de réseaux sociaux.

Consultation pour un nouveau module sur la politique enseignante adaptée aux situations de crise.

Le webinaire a par ailleurs lancé une consultation internationale afin de développer un nouveau module sur la politique enseignante et la planification adaptées aux situations de crise qui vient compléter le Guide pour l’élaboration d’une politique enseignante rédigé par l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030. 

Le projet de module est disponible pour commentaires et suggestions d’études de cas au lien ci-dessous.

https://docs.google.com/document/d/1NC8h2fNfjYj3CxSI2jkQWOYjy2v5Zz1N/edit

Veuillez envoyer vos commentaires et suggestions avant le 1er octobre à sm.richter@unesco.org.


*Pour des raisons de sécurité, ce nom a été modifié.

Crédit photo : HCR/Eduardo Soteras                                                                     

Événement
  • 22.07.2021

Les politiques enseignantes et la planification adaptées aux situations d’urgence et de déplacement - webinaire

**Regardez les enregistrement en anglais et en français. **

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 ont le plaisir de vous convier à un webinaire organisé dans le cadre de l’Initiative norvégienne sur les enseignants : Renforcer la coopération multipartenaires pour soutenir les politiques relatives aux enseignants et améliorer l’apprentissage

La multiplication des situations de crise et d’urgence touchant le secteur de l’éducation dans le monde entier, telles que la crise actuelle de la COVID-19 et la montée des déplacements forcés, démontrent la nécessité d’une planification de l’éducation réfléchie et adaptée aux situations de crise, notamment dans le cadre des politiques nationales relatives aux enseignants. En tant que travailleurs de première ligne, les enseignants sont les mieux placés pour favoriser l’apprentissage et le bien-être des enfants et des jeunes déplacés par des conflits ou des crises, et pour les empêcher d’abandonner l’école, à condition qu’ils bénéficient eux-mêmes d’un soutien approprié. Les enseignants peuvent également jouer un rôle important dans la planification adaptée aux situations de crise, à condition qu’ils soient correctement formés, soutenus et équipés.

Ce webinaire sur les politiques enseignantes et la planification adaptées aux situations de crise dans les situations d’urgence et de déplacement s’appuiera sur la Note d’orientation sur l’élaboration d’une politique enseignante adaptée aux situations de crise, élaborée conjointement par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le HCR, l’Organisation internationale du Travail (OIT) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en 2020 dans le cadre de l’Initiative norvégienne sur les enseignants. Il mettra en lumière certaines des principales dispositions nécessaires pour s’assurer que les politiques enseignantes sont également adaptées aux situations de crise. Par ailleurs, le webinaire donnera le coup d’envoi d’un processus de consultation visant à créer un nouveau module sur les politiques enseignantes adaptées aux situations de crise, qui viendra compléter le Guide pour l’élaboration d’une politique enseignante élaboré par l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030.

Pour en savoir plus, consultez la note de cadrage. Pour vous inscrire, cliquez ici.

Une interprétation simultanée des échanges sera proposée en anglais et en français. Pour toute question concernant le webinaire, veuillez contacter berquin@unhcr.org.

Crédit photo : Eduardo Soteras

**Regardez les enregistrement en anglais et en français. **

Événement
  • 23.03.2021

Les syndicats d'enseignants et les crises (de l'éducation) : L'efficacité du dialogue social en Afrique francophone

Rejoignez-nous pour une table ronde sur les syndicats d'enseignants et les crises (de l'éducation) : L'efficacité du dialogue social en Afrique francophone à la Conférence CIES 2021. La discussion aura lieu sur Zoom Room 128 le mercredi 28 avril de 8h00 à 9h30 PDT (17h00 à 18h00 heure de Paris)

Inscrivez-vous ici. L'événement est uniquement ouvert aux membres du CIES. 

La discussion se tiendra en anglais et en français avec une transcription en direct et un sous-titrage automatique en anglais. 

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Ce panel explorera les différentes formes de dialogue social et l'implication des syndicats d'enseignants dans le développement des politiques éducatives dans les pays africains francophones. Par les enseignements tirés de différents cas, ce panel vise à questionner le dialogue social tout en identifiant les questions relatives à la participation des enseignants dans différents pays et sa relation avec les différentes économies politiques. De plus, la variété des cas peut apporter une perspective sous-régionale du contexte et vise à inviter les chercheurs à approfondir ce sujet peu exploré.

Les différents points de vue et expériences comprennent trois présentations complémentaires. Premièrement, un aperçu d'une recherche en cours menée par le Groupe de travail international sur les enseignants pour l'éducation 2030 qui fera la lumière sur le dialogue social dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Deuxièmement, le projet FORSYNC met en lumière des approches pratiques pour favoriser les capacités techniques des syndicats dans six pays d'Afrique subsaharienne. Troisièmement, une étude de cas empirique critique de la République démocratique du Congo apporte des nuances à la fois aux leçons apprises et aux approches innovantes en examinant la situation concrète dans un contexte politique difficile.

Nouvelles
  • 09.09.2020

La gestion des enseignants dans les camps de réfugiés : le cas de l’Éthiopie

L’Institut international de planification de l'éducation (IIPE-UNESCO) et l’Education Development Trust sont heureux d’annoncer la publication du Teacher Management in Refugee Settings: Ethiopia, la première d’une série d’études de cas nationales visant à identifier les politiques prometteuses en matière de gestion des enseignants du primaire dans les différentes régions du monde accueillant des réfugiés.

Les enseignants sont un pilier de l’apprentissage. Pour les enfants réfugiés, les enseignants sont bien plus encore : des éducateurs, des mentors et des liens vers un nouveau domicile. La présence d’enseignants bénéficiant du soutien nécessaire peut permettre aux réfugiés de prospérer. Cela est également le cas en Éthiopie, où se concentre l’une des plus importantes populations de réfugiés d’Afrique, qui est passée de 100 000 personnes en 2008 à 680 000 en 2019, dont un quart d’enfants. Connaître le profil des personnes qui enseignent dans les camps de réfugiés et savoir comment elles sont gérées constituent deux éléments cruciaux pour leur avenir.

Cette étude reconnaît que les enseignants sont eux-mêmes des membres des communautés affectées et de potentiels agents de réformes politiques positives. Elle identifie les stratégies d’exécution et les politiques prometteuses en matière de gestion des enseignants du primaire dans les régions accueillant des réfugiés et révèle les domaines qui doivent faire l’objet de nouvelles politiques et de mise en œuvre abouties. Cette étude de cas a été rendue possible grâce au généreux soutien de l’UNICEF en Éthiopie.

Elle est disponible en anglais à l’adresse suivante : https://bit.ly/3fBcMAG 

Nouvelles
  • 27.04.2017

Solution mobile pour les enseignants en contexte de crise et d'urgence

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés a affirmé qu'il y a plus de 21,3 millions de réfugiés dans le monde et que la moitié d'entre eux sont des enfants, et qu'ils ont besoin d'aide, spécialement en termes d'éducation. Etant donné que la technologie peut aider les enseignants dans les situations d'urgences et de crises pour mieux répondre aux besoins des enfants, l'édition 2017 de la Semaine de l'apprentissage mobile de l'UNESCO a exploré comment la technologie peut aider à répondre aux besoins des réfugiés et d'autres apprenants dont le déplacement est causé par des situations d'urgences et de crises.

L'Équipe spéciale internationale sur les enseignants (TTF) dans son rôle de défenseur et de catalyseur de la profession de l'enseignement dans le monde, a offert son soutien à la semaine de l'apprentissage mobile en parrainant une session « Fournir des solutions mobiles pour les enseignants en situation de crises et d'urgences ». L'Équipe spéciale a animé cette session en impliquant des experts et des acteurs qui focalisent activement leur travail sur le développement des outils de technologie mobile, afin d'appuyer les enseignants en situation de crises et d'urgences. Dr Edem Adubra, chef du Secrétariat de l'Équipe spéciale a souligné: « Les enseignants jouent un rôle central dans l'éducation, surtout ceux qui se retrouvent en situations de crises et d'urgences. Par conséquent, leur fournir des solutions est de la plus haute importance. » Il a ajouté: « L'Équipe spéciale s'occupe des enseignants, de l'enseignement et de la profession de l'enseignement à tous les niveaux de l'éducation formelle et non formelle, y compris en situations de crises et d'urgences. »

La première solution présentée dans la session est l'application « Golden Teacher ». Cette application a été développée pour permettre aussi bien aux enseignants des pays en développement formés qu'à ceux non formés, leur utilisation facile de la plupart des stratégies d'enseignement. L'application prend la forme d'une procédure étape par étape, de la conception, de la livraison et de l'évaluation d'une expérience d'apprentissage pour un individu ou un groupe d'enseignants. Elle n'inclut aucun contenu du programme scolaire et, par conséquent, s'applique dans toute la gamme des contextes et des paramètres de l'éducation.

L'application de l'alphabétisation au Soudan du Sud est la seconde solution présentée. Cette application aide les enseignants à travailler avec l'apprenant suivant un programme basique d'alphabétisation à travers un appareil portatif. Afin de prendre en compte les défis relatifs au Soudan du Sud, l'application fournit un accès à un cours conçu à tel enseigne que les utilisateurs auront peu de difficultés à accéder et à en comprendre le contenu. En utilisant les concepts d'apprentissage effectifs et prouvés, le but est d'accroître le niveau d'alphabétisation des utilisateurs et leur faire subir les différents tests pour évaluer leur niveau d'alphabétisation après avoir complété les différents modules. Cette facilité d'utilisation de l'application d'alphabétisation permettra également aux enseignements une évaluation à distance.

La troisième solution est relative aux besoins de formation des enseignants, à une expérience de formation à distance du Mozambique. La présentation de la formation mobile en ligne dans un environnement de l'après-guerre met en exergue une stratégie innovante pour faire d'énormes progrès dans l'offre de la formation à distance au Mozambique. Le programme développé par la ISCED permet aux étudiants d'avoir leurs cours universitaires dans leurs poches quel que soit l'endroit et quel que soit le lieu où ils sont. Avec cette innovation, de plus en plus de personnes peuvent avoir accès à la formation en ligne. En une année, l'université utilisant le programme en ligne a vu le nombre d'utilisateurs s'accroître de 2 500 en 2015 à un total de 7 000 en 2016. Selon Wisdom Machacha, le programme a actuellement un nombre limité de cours, mais il y en aura d'autres qui y seront ajoutés très prochainement. Il s'agit d'une innovation importante particulièrement pour les environnements où des problèmes sérieux d'électricité, de communication, de mauvaises infrastructures routières et de nombreux autres problèmes sont souvent observés dans un pays d'après-guerre, comme l'est le Mozambique.

La dernière solution qui a été présentée s'avère d'une grande utilité pour les enseignants en situation de crises et d'urgences. Il s'agit d'une solution mobile intéressante pour le soutien en temps réel des étudiants réfugiés et des enseignants dans les situations de crises et d'urgences. EDUTrackerApp est une « méga-application » développée pour fournir aux apprenants et aux enseignants l'accès à des programmes d'études et des évaluations de haute qualité, et à suivre les activités d'enseignement dans des matières de base et à différents niveaux. Elle fait également un suivi de la présence scolaire journalière, en ligne et hors ligne, via la coordination GPS et offre un processus d'authentification multifactoriel. L'application va également permettre à l'enseignant principal de signaler les urgences relatives à la détérioration des infrastructures, la sécurité scolaire et des problèmes de sécurité, l'alimentation scolaire, les crises sanitaires et les désastres naturels via un système de billetterie électronique.

La session a permis de mettre en évidence les solutions informatiques appliquées à l'éducation dans les situations d'urgence et de crise, et leur mise en œuvre dans diverses parties du monde. Comme l'a soulevé un participant lors de la période de discussion, « La technologie de l'information est sûrement l'une des solutions qui permet de répondre aux besoins des enseignants et des apprenants en situation de crises et d'urgences ».