Célébrée cette année le dimanche 24 janvier, la Journée internationale de l’éducation a reconnu l’apport des collaborations internationales fructueuses qui ont permis de protéger le secteur de l’éducation en temps de crise. Pour l’occasion, nous avons mis en lumière les initiatives, partenariats et bonnes pratiques visant à soutenir les enseignants et les apprenants.
Nous avons demandé aux membres de l’Équipe spéciale sur les enseignants de nous faire part de leurs projets pour 2021, une année charnière au cours de laquelle nous devrons nous unir et mutualiser nos ressources afin de nous remettre de la pandémie et de renforcer ensemble le soutien apporté aux enseignants.
Au moins un tiers des élèves dans le monde n’ont pas pu bénéficier de l’apprentissage à distance mis en place à la suite des fermetures d’établissements scolaires en raison de la COVID-19. Les élèves vivant dans des pays à revenu faible et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure ont perdu en moyenne quatre mois d’enseignement – la perte étant estimée à six semaines dans les pays à revenu élevé. Se remettre de cette situation présente un défi sans précédent.
La fermeture des établissements scolaires a néanmoins permis à tout un chacun d’apprécier l’importance de l’école et le rôle clé joué par les enseignants, non seulement sur les plans académique et économique, mais également concernant le développement socioémotionnel des apprenants. La pandémie de COVID-19 nous alerte sur la nécessité de renforcer les systèmes éducatifs afin qu’ils soient plus résilients, plus inclusifs, plus flexibles et plus durables. Elle démontre également la capacité des systèmes et des enseignants à innover afin d’assurer la continuité de l’enseignement et de l’apprentissage malgré un contexte difficile.
Des approches novatrices
Les membres de l’Équipe spéciale sur les enseignants ont expliqué comment les initiatives pédagogiques mises en œuvre en 2020, dans le prolongement de la fermeture des établissements, ont façonné une feuille de route pour 2021.
En cette année, l’organisation VVOB – education for development mettra l’accent sur la gestion des nouvelles perturbations que connaîtra le secteur éducatif, la compensation des pertes d’apprentissage consécutives, et le développement du bien-être socioémotionnel des jeunes. Elle favorisera des axes d’intervention mixtes au profit des enseignants et des chefs d’établissement, visant à inclure les élèves marginalisés. Pour ce faire, l’organisation s’appuiera sur les expériences de différents pays, notamment le Rwanda.
La riposte du Partenariat mondial pour l’éducation à la pandémie s’est traduite par la distribution de radios portatives en Sierra Leone et par la diffusion régulière d’un programme éducatif, et ce, moins d’une semaine après la fermeture des établissements scolaires. En 2021, le Partenariat mondial pour l’éducation continuera à financer les systèmes d’information en lien avec la gestion et la formation, en collaborant avec les pays partenaires afin d’identifier les défis et de trouver des solutions.
L'utilisation de la radio pour atteindre les établissements scolaires en milieu rural au Chili ou encore le recours à la télévision au Nigéria et à une plateforme en ligne améliorée en Malaisie sont quelques-unes des 50 initiatives dont font état les rapports du réseau mondial Teach For All. Celles-ci révèlent comment le leadership enseignant, l’apprentissage à distance et les efforts déployés par les communautés ont permis d’assurer la continuité de l’apprentissage des enfants dans le contexte de la pandémie. En 2021, le réseau poursuivra son initiative « Learning Through the Crisis » (Apprendre en temps de crise) afin de soutenir la réouverture des établissements scolaires et la création de systèmes éducatifs plus résilients et plus durables.
La Commission internationale sur le financement des opportunités éducatives mondiales et l’Education Development Trust, en partenariat avec le programme éducatif WISE, collaborent avec les gouvernements afin de bien comprendre le rôle des chefs d’établissement et le soutien qu’ils ont apporté aux enseignants lors de la fermeture et de la réouverture des établissements l’année dernière. Les conclusions des recherches feront l’objet d’un guide stratégique axé sur les principaux enseignements tirés et éclairages issus des expériences de plusieurs pays.
Des technologies au service de la formation professionnelle
La pandémie a non seulement favorisé l’apprentissage en ligne pour de nombreux élèves, mais elle a également offert de nouvelles possibilités quant à l’utilisation de technologies dans le cadre de la formation professionnelle des enseignants. L’organisation STiR Education a mis en place des réunions virtuelles et s’est appuyée sur le média radiophonique pour former les enseignants en Inde et en Ouganda. En 2021, elle compte intégrer davantage les technologies dans le cadre de ses activités, tout en veillant à ce que l’ensemble des enseignants puissent en bénéficier de manière équitable.
Toujours en 2021, l’organisation Commonwealth of Learning proposera quant à elle des formations professionnelles sur mesure, en partenariat avec l’Open University (Royaume-Uni). Elle proposera aux enseignants des sessions sur l’apprentissage mobile et la cybersécurité, et aidera ceux issus du Commonwealth à mieux exploiter les ressources numériques spécifiques à leur domaine d’enseignement.
Créé par l’Organisation des États américains (OEA), le Réseau interaméricain de formation des enseignants vise à constituer des équipes de spécialistes éducatifs, qui ont notamment bénéficié d’une formation professionnelle virtuelle en Argentine, en République dominicaine et en Uruguay. Les candidatures pour rejoindre une équipe de projets en 2021 peuvent être déposées jusqu’au 1er février.
L’organisation Global School Leaders a créé Upya, un programme permettant aux chefs d’établissement des communautés marginalisées de diriger de manière efficace leur institution dans le contexte de la pandémie.
L’OEA poursuivra ses activités cette année afin de renforcer les capacités des enseignants dans la région ibéro-américaine, en se concentrant sur les compétences numériques. Certains projets auront pour objectif d’améliorer la méthodologie STEAM (sciences, technologie, ingénierie, arts et mathématiques), d’offrir des ressources numériques et de proposer de nouvelles bourses d’études afin de renforcer la formation doctorale dans la région.
L’organisation ProFuturo prolongera son offre de cours de formation gratuits en ligne aux enseignants du monde entier, tandis que l’agence Enabel continuera de former les enseignants au Burundi, notamment autour de l’intégration des technologies de l’information et de la communication, tout en mettant à disposition des cours en ligne et hybrides en Ouganda.
Parallèlement, le Center for Learning in Practice de l’organisme Carey Institute for Global Good collabore virtuellement avec les parties prenantes, notamment les enseignants, afin d’élaborer conjointement des supports de formation professionnelle destinés aux enseignants. Il s’agira de proposer un apprentissage en ligne holistique et de qualité aux populations déplacées au Moyen-Orient, en Afrique de l’Est ainsi qu’en Afrique de l’Ouest et centrale.
Bien que le numérique soit au cœur des futurs systèmes éducatifs, l’apprentissage en présentiel demeure déterminant. La Fondation LEGO continuera à soutenir ses partenaires au Bangladesh, au Ghana, au Kenya, au Rwanda et au Vietnam, lesquels proposent aux enseignants une formation professionnelle axée sur les activités ludiques ; près de 65 000 enseignants recevront cette formation en 2021.
Soutenir les systèmes éducatifs dans tous les contextes
Bon nombre des membres de l’Équipe spéciale sur les enseignants collaborent avec les gouvernements pour soutenir le renforcement et la gestion des capacités du système, ainsi que la performance globale du secteur.
Au Burkina Faso, l’Institut international pour la planification de l’éducation (IIPE) de l’UNESCO apporte son soutien au Gouvernement afin d’améliorer la gestion des ressources humaines et l’allocation budgétaire connexe dans le secteur de l’éducation. L’IIPE, en collaboration avec l’Education Development Trust, explore le rôle des « spécialistes pédagogiques » qui accompagnent les enseignants dans le renforcement de leurs compétences, hors du cadre d’évaluation formelle. L’Institut publiera ses recherches en 2021, notamment des études de cas (Pays de Galles, Inde, Shanghai, Jordanie, Rwanda et Kenya).
Le tout premier Hackathon de l’Institut qui a eu lieu en janvier 2021 a permis d’évoquer les défis liés à l’amélioration du déploiement des enseignants, la réduction des disparités inter-régionales et l’identification du phénomène des enseignants fantômes, qui peut représenter jusqu’à 20 % du budget de l’éducation dans certains pays. En outre, l’IIPE prévoit de publier, au cours de l’année, ses recherches sur la gestion des enseignants dans les contextes de populations réfugiées en Jordanie et au Kenya.
Cette année, l’Internationale de l’Éducation souhaite avant tout que les enseignants et le personnel éducatif soient considérés comme un groupe prioritaire dans le cadre des efforts mondiaux de vaccination. L’organisation entend également promouvoir l’adoption d’un Cadre mondial en matière de normes professionnelles pour l’éducation conçu conjointement avec l’UNESCO.
Étant entendu que les pays qui se distinguent dans la gestion de la pandémie sont ceux qui engagent un dialogue constructif avec les syndicats d’enseignants, l’Internationale de l’Éducation appelle à poursuivre les efforts dans cette voie autour de questions spécifiques telles que l’utilisation des technologies dans l’éducation, l’investissement en faveur du personnel enseignant, les conditions de travail décentes et le respect de l’autonomie professionnelle des enseignants.
Une collaboration en faveur des enseignants
L’année 2020 a été unique à bien des égards, tous secteurs confondus. Pour ce qui est du secteur de l’éducation, cette année a mis en lumière non seulement les lacunes et les défis systémiques constatés dans le monde entier, mais également les mesures d’atténuation adoptées progressivement par les enseignants eux-mêmes. Elle a aussi connu l’élaboration de mesures d’urgence et leur mise en œuvre par les parties prenantes du secteur de l’éducation à différents niveaux, par les gouvernements et par la les acteurs internationaux du développement.
Nous avons également été témoins d’une accélération de l’innovation dans le secteur éducatif nous incitant à réinventer l’apprentissage du futur ; cette vision guidera les efforts que nous déploierons en 2021 afin de reconfigurer et renforcer les rôles des enseignants dans la conception de systèmes éducatifs plus résilients à l’horizon post-COVID-19. Les membres de l’Équipe spéciale sur les enseignants comptent être aux avant-postes pour mener cette mission à bien.
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Légende de la photo : Une enseignante de mathématiques au Cambodge.
Crédit : VVOB – education for development