Auteurs : James O’Meara, CIPE, et Purna Shresta, VSO.
Le Sommet mondial sur l’éducation, qui s’est tenu au mois de juillet, a permis de mobiliser 4 milliards de dollars US, un montant record qui permettra d’assurer l’apprentissage de 175 millions d’enfants. Cet impressionnant investissement est un exemple de ce qui peut être accompli lorsque des gouvernements travaillent de concert avec l’Organisation des Nations Unies et d’autres entités intergouvernementales, aux côtés d’organismes d’aide au développement et d’organisations de la société civile et du secteur privé. Le déploiement de tels efforts concertés pourra nous aider à atteindre les cibles communes fixées par l’objectif de développement durable (ODD) 4, à savoir assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie.
Une éducation inclusive et permettant à chacun d'avoir une chance équitable d'apprendre n'est pas possible sans garantir à chacun l'accès à des enseignants de qualité. Pour ce faire, il est indispensable de mettre en œuvre des politiques et des pratiques qui favorisent l’inclusion et l’équité pour les enseignants, quel que soit le contexte éducatif, et qui tiennent compte du genre, du statut socioéconomique, du lieu, des capacités de chacun et d’autres facteurs pouvant conduire à l’exclusion.
Garantir l'accès de tous à des enseignants de qualité nécessite des niveaux d'investissement importants, en particulier dans les pays les moins développés et les petits États insulaires en voie de développement. Ainsi, afin d’assurer une éducation de qualité pour tous d’ici à 2030, l’Afrique subsaharienne, région comptant le plus grand nombre de pays parmi les moins développés, devra recruter et former 15 millions d’enseignants supplémentaires.
Assurer à tous la possibilité de bénéficier d'enseignants de qualité requiert de :
- Pallier le nombre insuffisant d’enseignants et combler les lacunes en matière de qualifications, de parité et de connectivité en Afrique subsaharienne. La proportion d’enseignants qualifiés dans la région a diminué progressivement depuis 2000, tant en primaire qu’au secondaire. Les enseignantes jouent un rôle essentiel pour encourager la scolarisation des filles, cependant moins de 50 % des enseignants du primaire et 30 % des enseignants du secondaire sont des femmes. Le manque d'infrastructures et d'accès à Internet a été mis en exergue lors des fermetures d'écoles dues au COVID-19, puisqu'il a constitué un obstacle majeur à l'enseignement à distance et à l'enseignement hybride
- Engager un dialogue politique global et inclusif qui implique concrètement les enseignants dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation de politiques et de pratiques d’enseignement visant à promouvoir des perspectives justes pour chacun d’entre eux.
- Mettre en place des méthodes de recrutement innovantes, puisque les approches actuelles ne parviennent pas à combler la pénurie d’enseignants. Celles-ci devront s’attacher à ouvrir de nouvelles voies vers l’enseignement pour les personnes issues de groupes défavorisés et sous-représentés dans le corps enseignant. Cette stratégie contribuera non seulement à pallier le manque de personnel, mais aussi à combler les écarts démographiques, par exemple en attribuant des postes difficiles à pourvoir à des représentants des communautés locales issues de communautés locales et capables de parler les dialectes de la région.
- Promouvoir une formation professionnelle de qualité afin d’accroître les taux de rétention des enseignants. Si nous voulons maintenir à leur poste les enseignants bien formés, nous devons soutenir les pays à chaque étape de la conception, de la mise en œuvre et de l’évaluation de programmes et systèmes de perfectionnement professionnel efficaces et de grande qualité à l’intention des enseignants. Si nous ne parvenons pas à maintenir ces enseignants à leur poste d’ici 2030, nous n’aurons alors pas tenu compte des avertissements lancés par l’Institut de statistique de l’UNESCO en 2014, selon lesquels, d’ici à 2030, 89 % (soit 24 millions d’enseignants) de la pénurie d’enseignants sera dûe à l’effet d’attrition.
En permettant à 175 millions d’enfants d’apprendre, nous nous rapprochons de la vision commune exprimée par l’ODD 4. La communauté internationale de l’éducation pourra ainsi maintenir la dynamique initiée par le Sommet mondial de l’éducation – et contribuer à garantir l’accès à un enseignement de qualité pour tous les apprenants – à l’occasion du 13e Forum de dialogue politique et des réunions de gouvernance de l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 (TTF), qui se tiendront à Kigali, au Rwanda, et en ligne du 1er au 3 décembre 2021. Ces réunions constituent le cadre idéal pour se réunir à nouveau et investir dès maintenant dans les enseignants pour garantir une reprise durable après la crise de la COVID-19 et préparer les apprenants d’aujourd’hui au monde de demain.
Participez vous aussi à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’évaluation des politiques d’enseignement
Le groupe thématique Inclusion et Équité dans les politiques et pratiques relatives aux enseignants prévoit de lancer une série de discussions en ligne synchrones (septembre 2021) et asynchrones (octobre et novembre 2021). Ces discussions sont conçues pour que vous permettre de contribuer à l’élaboration de politiques et de pratiques qui encouragent l’instauration de conditions équitables pour tous les enseignants. En partageant votre expérience, vous pouvez contribuer à combler les lacunes croissantes en matière de recrutement, de préparation et de déploiement des enseignants, qui ont été exacerbées par la crise de la COVID-19.
Votre participation à ce dialogue politique inclusif permettra aux enseignants et aux organisations qui les représentent de mieux faire entendre leur voix dans les processus d’élaboration des politiques. Vous pouvez prendre part à ces discussions a et où vous le souhaitez, et ainsi proposer différentes perspectives sur la manière d’offrir des voies vers l’enseignement à destination des personnes défavorisées, vulnérables et sous-représentées (notamment les migrants, les personnes en situation de handicap, les populations autochtones, les personnes issues de minorités ethniques et les personnes démunies) et ainsi pallier à la pénurie d’enseignants à travers le monde.
Des informations sur la première session synchrone du 24 septembre seront prochainement publiées sur le site Web de la TTF. Si vous êtes déjà membre de la TTF, rendez-vous sur le site Web de la TTF et rejoignez le groupe thématique Inclusion et équité dans les politiques et pratiques relatives aux enseignants en vous connectant à l’espace de travail réservé aux membres avant le début de l’événement. Vous pourrez ainsi recevoir des informations relatives aux événements de la TTF. Si vous n’êtes pas membre de la TTF, veuillez contacter directement les coordinateurs du groupe thématique : Purna Shrestha à purna.shrestha@vsoint.org ou James O’meara à president@icet4u.org .
Photo : Une enseignante et ses élèves dans une école primaire au Rwanda. Crédit : Partenariat mondial pour l’éducation.